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    Tu es celle que je cherche

    Je suis celle que tu trouves quand tu ne cherches pus

    Tu es celle que je veux

    Je suis celle que tu peux avoir sans même l'avoir voulu

     

    Nous sommes qui nous sommes

    Une femme, un homme

    Deux arbres nus dans le verger du paradis retrouvé ou perdu

    Nous sommes qui nous sommes

    Un dragon, un lionne

    Enlacés nus dans le jardin du paradis païen

     

    Je suis ton ciel et ton enfer

    L'élève et ton maître

    Je suis ta source et ton désert

    Ton mal et ton bien-être

    Je suis

    La lumière et ton ombre

    La rose et le chardon

    Unique parmi le nombre

    Le remède et le poison

    Je suis

    La nuit qui doute

    L'aube qui rassure

    Je suis la clé de voûte

    L'au-delà des murs

    Tu es l'étoile et moi l'errant

    Qui ne la perd jamais de vue

    Je suis le vent et toi la voile tendue

     

    Tu es celle que je veux

    Je suis celle que tu peux avoir sans même l'avoir voulu

    Tu es celle que je cherche

    Je suis celle que tu trouves quand tu ne cherches plus

     

    Jacques Higelin - Paradis Païen (1998)


       Chanson qui me rappelle une époque où l'on partait à deux en moto jusqu'à notre "paradis païen", au confins de la Drôme et des Hautes-Alpes, solitude, vergers de cerisiers et d'abricotiers, sources fraîches et collines boisées...


       Le paradis païen ? C'est que je vous souhaite à tous !


     


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    Sans-abri aux Etats-Unis (photos trouvées sur Google images)

     

    "Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées controlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d'abord par l'inflation, ensuite par la récession, jusqu'au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis." Thomas Jefferson (1802)

     

       Thomas Jefferson est l'un des "pères fondateurs" de la nation américaine et a été le troisième président des Etats-Unis de 1801 à 1809. Nulle doute qu'il tomberait des nues en voyant ce qu'est devenu son pays et le monde !

     

       J'ai trouvé cette citation affichée au GRETA (centre de formation pour adultes) à Digne et elle circule pas mal sur le net y compris aux Etats-Unis. Faites circuler !!



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    Paul n'était plus que du papier, du papier bien lisse qui sentait bon l'encre d'imprimerie. A l'intérieur, l'histoire d'un adolescent qui découvre l'amour mais 

    aussi le divin lors d'un Pèlerinage à Lourdes quarante ans auparavant. Une charge contre un milieu très catholique, conservateur, culpabilisant comme il en existait encore à l'époque. Un milieu qui avait voué mai 1968 aux gémonies mais cependant, Paul revendiquait sa foi qui l'appelait la" vrai foi", celle qui n'excluait ni ne condamnait personne, disait-il, en opposition avec ses parents qui écoutait sagement les prêches   

    dominicaux pour les oublier ensuite. 


       Emilie ne put s'empêcher de penser que Paul n'avait pas perdu son sens de la contradiction. Ils s'étaient rencontré sur les bancs de la fac de lettres où ils visaient tous les deux l'agrégation. Il aimait Hugo, Baudelaire et Musset. Elle préférait Giono, Molière et Marivaux ce qui donnait lieu à des discussions enfammées et à des fausses polémiques dont ils riaient après coup. 


       Ils avaient ensemble réinventé l'amour et Paul disait souvent qu'ils prenaient la parole divine au mot : faire don de soi-même, communier ensemble, se donner à l'amour avant même de se donner à l'objet de son amour. Mais Emilie pensait plutôt qu'elle, l'athée issue d'une famille très à cheval sur la laïcité et lui, le catholique un peu désuet, s'étaient découvert des côtés païens, hérétiques, en dehors de la civilisation, lorsqu'ils se retrouvaient tous les deux dans la petite chambre d'étudiant de quelques mètres carrés de la grande cité universitaire. 

     

       Les de Boissieux, dont le père était cadre dirigeant dans une des plus grosses usines de la ville, n'aimaient pas que leur fils fréquente une fille d'enseignants gauchistes libertaires et les Morel, les parents d'Emilie, voyaient d'un très mauvais oeil l'arrivée dans la famille d'un bourgeois cul-bénit... 


       Et en ces temps, où offciellement la société donnait pleine liberté aux désirs de chacun, où les médias n'en fnissait plus de parler de révolution sexuelle et de 

    libre-choix, une pression insupportable des deux familles s'étaient abattu sur Emilie et Paul. 


     

       Le livre était bien mis en évidence à la médiathèque aux rayon des nouveautés. Emilie connaissait l'histoire, Paul lui avait raconté. Il n'avait que treize ans à l'époque et en séjour à Lourdes avec ses parents, il était tombé amoureux d'une jeune étrangère de son âge en pèlerinage elle aussi. Premiers émois, premiers désirs. Deux adolescents surpris dans un salon en pleine nuit. Scandale dans les deux familles. Culpabilisation sur 

    elle comme sur lui. D'ailleurs Paul avait voulu d'abord appeler son livre Coupable avant de se raviser pour un plus prosaïque Le pèlerinage à Lourdes. 

     

      Emilie avait sursauté en voyant le nom de l'auteur : Paul de Boissieux. Et au dos de la couverture, elle l'avait bien reconnu en photo même s'il avait vingt ans de plus. Elle se senti aussi émue qu'au premier jour mais aussi saisie par un étrange dégoût : il était visible que Paul buvait. On l'avait retrouvé, lui le fls de grands bourgeois, gisant dans un coma éthylique avancé dans une rue glauque d'un quartier populaire de sa ville. 

     

    Transporté dans l'hôpital le plus proche, Paul ne s'était jamais réveillé. 

     

    Quarante-cinq ans. 

     

    Seulement... 

     

        Sa soeur avait ensuite retrouvé ses manuscrits soigneusement rangés dans des cartons dans l'appartement où Paul avait toujours vécu seul, Emilie ayant fait un médiocre mariage avec un agent fnancier aux idées bien rangée, suivi d'un médiocre divorce 

    après avoir mis au monde deux enfants, médiocres aussi. 

     

    Paul avait écrit trois autres romans et deux recueils de poésie. Emile les lirait peut-être si elle avait le temps... Elle le trouverait, elle s'ennuyait tellement... 

     

       Et elle tendit le livre et sa carte d'abonnement à la bibliothécaire en retenant ses larmes.

     

    Esclarmonde, le 05/01/2012



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  • "Il n'est pas d'une beauté conventionnelle ; son bouc lui donne un air louche. Une figure comme une brosse à chaussures, dit parfois Sara. Il ressemble un peu à une caricature de l'homme irlandais dans un vieux numéro de Punch, la gazette satirique : renfrogné, lunatique, à peine civilisé. Cependant, ce n'est pas l'Irlandais typique : il adore écouter."

     

    "Seul un Américain écrirait une pièce intitulée Un tramway nommé désir. Un anglais la nommerait Un autobus baptisé intérêt transitoire."


    "Muse" (titre original Ghost Light) est un roman irlandais paru en France aux éditions Phébus. L'auteur, Joseph O'Connor (le frère de la chanteuse Sinead O'Connor) a été déja remarqué pour plusieurs romans notament "Les bons Chrétiens" et "L'étoile des mers", tous édités chez Phébus.

     

       John Millington Synge (prononcez : "sing") est l'un des dramaturges irlandais les plus célèbres et sa renommée a dépassée largement les frontières de son pays, son oeuvre la plus célèbre est probablement"Le balladin du monde occidental"(The Playboy of the Western World) dont je reparlerai une autre fois. Membre de l'aristocratie protestante irlandaise (le pays était encore sous le joug du Royaume Uni), il a vécu une histoire d'amour avec une actrice irlandaise originaire d'un milieu pauvre et sensiblement plus jeune que lui, Maire O'Neill, de son vrai nom Molly Allgood.

     

     

    A gauche Synge et à droite Maire O'Neill interprètant Pegeen, le principal rôle féminin du "Balladin du monde occidental".

     

     

     

     

     

     

       On suit Molly au crépuscule de sa vie à Londres en 1952 où elle vit dans un misérable appartement. Naguère une actrice célèbre, elle est tombée dans la déchéance à cause de l'alcool et elle survit péniblement avec un très maigre pécule. Le roman se passe l'espace d'une journée où elle doit aller interpréter un rôle dans le cadre de la diffusion radiophonique d'une pièce d'un autre dramaturge irlandais, Sean O'Casey.

       La déchéance de cette dame âgée semble terrible mais elle n'a pas perdu ni sa vivacité d'esprit, ni sa grande spontanéité et sa franchise un peu brutale qui l'a rend extrèmement humaine et attachante. Tout au long de sa journée londonienne, on suit ses pensées qui l'a ramène bien des années auparavant à Dublin et ses alentours à l'époque, où jeune actrice débutante, elle noue une liaison avec Synge.

       Cette amour se heurte aux convenances de l'époque : différence d'âge : elle a 19 ans, il en a 37 et surtout différences de religions et de statut social (qui dans l'Irlande de l'époque se confondent). Ils doivent ruser pour se rencontrer dans l'intimité et la seule fois où Synge l'a présente à sa famille, celle-ci fait le strict minimum de convenance avant de la congédier poliment....

       Selon l'aveu de l'auteur lui-même, cette relation qui a existé vraiment, est largement romancée mais on est loin de tout romantisme. Synge est très gravement malade et décèdera quelques mois plus tard et Molly est bien trop tranchante et rebelle pour que l'on dérive vers la mièvrerie. 

      Comme souvent en Irlande (enfin c'est ce que j'ai remarqué), on oscille constament entre humour et tristesse, entre farce et tragédie. Un passage qui m'a marqué est la visite de Molly chez la mère de John : elle est une caricature de bougeoise protestante bien-pensante, se préoccupant de l'hygiène du peuple irlandais avec toute la condescendance de la personne de haut-rang se donnant bonne conscience..... Et inversement, John se heurte à la franchise brutale et sans détour de la famille de Mollly, sa grand-mère en particulier....

       Cette scène, narrée sous la forme d'une pièce de théatre m'a beaucoup fait rire mais un rire un peu acide, cette scène mettant en évidence le fossé entre les préoccupations romantiques, intelllectuelles et utopiste de Synge et les préoccupations bien plus terre à terre de cette famille très pauvre.

       Les digressions et les propos que certains jugeraient "partants dans tous les sens" sont nombreux dans le roman surtout à la fin lorsque Molly fait une lettre très touchante mais très foisonnante à son amant... Cela pourrait en rebuter certains comme je l'ai constaté en lisant certaines critiques sur d'autres blogs. Mais moi, j'ai passé un bon moment !

     

    Article dans le cadre du :

     


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  • Pour le 66eme salon d'écriture du Forum des mots, Andrée nous propose de prendre les premiers mots de chaque phrase d'une chanson de Yannick Noah "Frontières".

    N'étant pas très fan des chansons de Noah, j'ai fait un texte d'un univers complétement différent du sien, c'est d'ailleurs l'intérêt de ce genre d'exercice !


    Nuit des possibles (66e salon d'écriture)

     

     

    Je cherche dans les rues une chaleur tribale

    Un hameau de huttes aux toits de roseaux

    La cueillette de fruits et le repas partagé

    Sans se soucier d'un lendemain obscur

     

    Partager un moment d'amitié

    S'enivrer à l'élixir d'immortalité

    Espérer renaître au printemps retrouvé

    Redessiner les fresques de la grotte cachée

     

    Je rêve d'être blottie contre toi au coin du feu

    Que les braises du désir constamment entretiennent 

    Infantile est l'amour plastifié et calibré,

    Les flèches d'Eros aux bouts caoutchoutés

     

    Partager un repas autour d'un feu

    S'enivrer au calice de l'amour retrouvé

    Espérer engendrer les enfants de la paix

    Redessiner les dieux de la fraternité

     

    l'on s''abrite tous ensemble serrés

    De la tempête qui fait rage et emporte

    L'hiver et ses aspirations pétrifiées

    Il laissera la place aux graines ensemencées

     

    Partager un festin hérétique pour les dieux revenus

    S'enivrer au nectar de la fécondité

    Espérer engendrer la terre ensemencée

    Redessiner les spirales de l'immortalité

     

    Je te vois encore une fois prononcer des mélopées

    Un chant sauvage et lancinant loin des cités policées 

    Infantile oraison dans un monde de papier glacé

    Redessiner sur ces murs les symboles oubliés

     

     

    Je rêve constamment de te retrouver

    Un désir qui sera rassasié par cette réalité

    La quête d'un partage dans cette barbarie officialisée

    Sans crainte d'en être fatalement contaminée

     

    Partager un festin dans la nuit des possibles

    S'unir dans un maelström de complicité

    Espérer être unie avec ton étrange folie 

    Redessiner ensemble une douce sensualité

     

    Esclarmonde, le 03/01/2012



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