-
La main droite du diable
"L'Irlande est un pays de questions, et de très, très rares réponses. (...) Quand je vois une carte de l'île et qu'elle sert à vanter les mérites de notre pays, comme, disons, pour l'industrie du tourisme, il y a toujours un lutin géant ou une harpe plaqués en plein Milieu. Pour moi, nous devrions être honnêtes et inscrire un grand point d'interrogation afin que les gens sachent à quoi s'attendre."
La main droite du diable (titre original : Priest) est un roman policier irlandais de Ken Bruen paru en 2006 et en France en 2008. Il a reçu le Grand Prix de Littérature Policière en 2009.
Le personnage central, Jack Taylor, est le personnage récurrent de plusieurs ouvrages de l'auteur Ken Bruen. Dans cet opus, il a été mis à la porte de la Garda, la police irlandaise. Atteint d'alcoolisme et en proie à de grandes souffrances (il se sent coupable du décés d'une petite fille dont il avait la garde), il a atterri dans un hôpital psychiatrique et l'histoire commence lorsqu'un employé africain de l'hôpital, par quelques paroles chaleureuses, sort Taylor de sa torpeur. Il peut ainsi sortir de l'hôpital, considéré comme guéri. Néanmoins, il doit lutter sans cesse contre son démon, l'alcoolisme. Démon aussi de l'Irlande où les habitants se sont mis à manger et parler comme des américains mais boivent toujours comme des irlandais...
L'intrigue - un prètre a été retrouvé assassiné et décapité - est relativement mince et est certainement un prétexte à Ken Bruen a nous entraîner dans son pays, en proie avec la modernité et à une remise en cause d'un catholicisme omniscient due à des scandales en série (scandales révèlés en France en 2009 mais qui semble plus anciens, le roman se déroulant en 2003). Mais il renvoie dos à dos cette Irlande ancestrale sombre et oppressante et "la nouvelle Irlande" où la cupidité et la consommation sont devenues les valeurs dominantes.
Galway
Ce n'est pas ce que j'appelle un "pur" polar se déroulant dans des commissariats et dans des milieux de grand banditisme, d'ailleurs à mon grand bonheur. En effet, ce sont des gens ordinaires qui sont les protagonistes et le seul policier est une "fliquette", Ridge, qui n'est pas un membre des forces de l'ordre standard, elle est homosexuelle avec toutes les complications qu'on peut imaginer sur sa vie et son caractère rugueux cache probablement d'énormes souffrances et Jack Taylor l'aime en secret. C'est lui qui apporte la noirceur qui est la marque de ce courant littéraire, le roman policier. C'est une personne qui a le sentiment d'avoir raté sa vie et qui a constament une sorte de rage en lui, il veut souvent "cogner" et son sevrage n'arrange pas les choses... C'est alors que le père Malachy, qui était le curé "attitré" de sa mère lui demande d'enquêter sur le meurtre du père Joyce, retrouvé décapité dans sa propre église. Malachy est un personnage pitoyable et Taylor le hait, néanmoins, il accepte de mener l'enquête...
Ce roman, noir comme un verre de stout, nous entraîne dans l'âme irlandaise qui, malgré, son opposition à l'Eglise Catholique à cause des scandales de pédophilie, reste imprégnée de sentiments de culpabilité et de reflexes religieux du à des siècle d'influence exercée par une église qui avait son mot à dire dans tous les domaines de la société. C'est ainsi qu'on tombe sur des expressions telle que "je m'agripais à elle comme à un rosaire". j'ai été aussi frappée, mais pas surprise, de la présence presque constante de la musique dans les pensées de Taylor et surtout le chagrin d'avoir perdu Johnny Cash, récemment décédé. "Mais la musique, la folie générée par la violence et le remord s'étaient emparés de moi de telle sorte que j'écoutai toutes les chansons tristes que j'avais, et j'en possédais un sacré paquet."
Comme on est en Irlande, souvent un humour caustique apparait dans cette noirceur et c'est cet humour qui m'a baladé avec plaisir au long des pages même si le constat sur la société irlandaise reste très amer. En tout cas, on est très loin des propos "bisounours" d'un guide touristique :
"Au début des années soixante-dix, c'était le parfum que tout le monde portait. Ca se vendait dans un petit flacon vert orné d'un médaillon argenté et les gars s'en aspergeaient comme si c'était de l'eau bénite. les femmes n'ont pas la vie facile, mais toute la période du "Brut"* a du représenter une époque particulièrement noire."
* "Brut" est un après-rasage commercialisé par Fabergé à partir des années 60
article faisant partie du :
Ce roman a été publié aux éditions Gallimard et Folio Policier
Tags : roman, policier, taylor, irlande, irlandais
-
Commentaires
Te lire me donne etoujours envie de découvrir ces beaux romans. J'avoue que je n'ai pas bien compris pour le "Brut"
que mon frère adorait porter
Bisous et bon lundi
Frieda
Bises
Louv'
Par contre, BRUT??? je comprends mal le rapport
mais j'en ai revu dans un auchan de ma ville... à 9 € et j'en ai achete un flacon pour mon mari (cela lui rappellera des choses) lol
merci pour ton explication sur le livre, tres bonne et qui donne envie de le lire
bisous à toi et bonne journée
joelle
et tu le sais j'aime L' irlande
je te souhaite une bonne semaine
temps doux chez moi et ce week-end je me suis reposée, j'en avais besoin , j'espère que tu vas bien.
bisous et bonne soirée
Ajouter un commentaire
Trop de présence. Je préférais les tonalités plus discrètes, plus suaves.
Bisous et bonne journée !