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     On m'a déposée à l'entrée de la maternité des Lilas près de Paris. Qui ? Je ne le saurai jamais. C'était le 6 mars 1962. Il parait qu'un pédiatre m'a examiné et a estimé que je devais être âgée que de quelques heures à peine et que j'étais en bonne santé. Pour le reste je n'en sais rien et ne le saurai jamais.

     

       Je suis devenue officiellement Pupille de la Nation et ai été confiée aux bons soins des puéricultrices de la maternité. On me donna un nom : Agnès Louise Thérèse.

     

       Comme personne ne se manifesta, ni père ni mère, je devins adoptable.

     

       J'avais six mois lorsque mes parents adoptifs vinrent faire ma connaissance et quelques semaines plus tard, ils me ramenèrent chez eux, ivres de joie. 

     

       On me donna mon nom définitif : Claire Albertine Suzanne Marty.

     

       Claude et Colette, enfin Papa et Maman, étaient mariés depuis maintenant quinze ans et n'étaient pas arrivés à avoir un enfant. Ils se sentaient inutiles comme deux arbres fruitiers ne donnant jamais de fruits. 

     

       Et moi, on m'évitais une enfance d'errance de foyer en foyer et de plus, lorsque j'ai eu cinq ans, mes bienfaiteurs m'emmenèrent loin de la grisaille de la banlieue parisienne pour un des plus beaux endroits du monde : le Piémont Pyrénéen entre les pics enneigés et la riante vallée de la Garonne, un pays de Cocagne que je n'ai quitté qu'à l'âge de vingt-deux ans mais c'est une autre histoire...

     

       J'ai grandi dans une grande et belle maison, d'ailleurs bien trop grande pour mes parents et moi, menant la vie dorée d'une enfant d'enseignants à la fin des Trente Glorieuses et au début des Trente Honteuses qui n'avaient pas encore de nom car elles arrivaient en catimini. 

     

       Ski l'hiver, plage l'été, découverte de la campagne, la vraie, celle qu'on trouvait encore à l'époque : odeur de pain frais, de soupe aux légumes, de saucisson et de confiture maison chez mes grands parents dans la Montagne Noire.... 

     

       J'étais chez moi, comme si mes vrais ancêtres étaient d'ici, entre Massif Central et Pyrénées et pourtant, je suis partie comme si je recherchais mes origines et auparavant, j'avais étudié l'anglais, le russe, l'espagnol me demandant inconsciemment si je n'allais pas tomber sur la langue de mes vrais ancêtres.

     

       Et peut-être que si je me suis mariée avec un étranger, c'est peut-être parce qu'il me semblait si proche... L'étrangeté je connais, même si pour tout le monde ici, je suis la fille de Claude et Colette, la petite fille d'Emile et d'Albertine, de Jean et Madeleine, la descendante d'une famille si ancienne et si locale qu'il y a des Cathares et des troubadours dans nos ancêtres.

     

       Mon mari qui a tant d'imagination m'a dit que peut-être je suis la survivante d'une terre engloutie ou la fille d'un Dieu et d'une louve...

     

    Je me suis documentée sur les enfants nés sous X ou trouvés à l'entrée des hôpitaux, et c'est souvent des histoires sordides et cruelles qui sont à l'origine de ces gestes désespérés : mettre au monde un enfant, ne surtout pas le contempler et le laisser à l'administration en espérant que son destin ne soit pas funeste...

     

       Je pense des fois à ma mère biologique et je me dis qu'elle a eu raison de me laisser ma chance et ses semblables d'infortune ont sans doute raison d'espérer la providence encore et toujours pour d'autres bébés, acte d'amour ultime qui a permis le bonheur à mes parents d'adoptifs et bien d'autres encore.

     

       Et si ceux qui m'ont conçu sont bel et bien louve et  dieu, je suis déesse louve et je les remercie de m'avoir laissé la vie sauve.

     


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    " Notre PIB prend en compte dans ses calculs, la pollution de l'air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoia ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication  du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants...


    (Dédicace. Rencontre avec l'auteur de "moi d'abord")


        ...En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l'intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue."

    Robert Fitzgerald Kennedy - 18 mars 1968 (3 mois avant son assassinat...)


     



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    Je retourne vers toi pour te saluer...

     

     

     Témoin du bonheur passé à l'horizon illimité....

     

     

    J'ai retrouvé l'endroit où j'allais m'abriter

     

     

    Pour retrouver calme et sérénité


     

    Eternel été sur cet étrange aridité

     

     

     

    L'érable a mis ses habits d'automne


     

    Et le ciel s'est drapé de dentelles

     

     

    Pour mieux révéler ta beauté

     

     

    Et au bord du chemin, le chêne me fait un signe d'amitié....


       Ces photos ont été prises il y a deux semaines dans la petite région des Baronnies à cheval sur la Drôme et les Hautes-Alpes, une région de Préalpes à la fois méditerranéennes et montagnardes que j'affectionne particulièrement.... 


     

     

     


     

     

     


     

     

     


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  •    Pour la Toussaint, Suzâme a voulu éviter le sujet de la mort et nous propose celui du miroir.

     

    Miroir envers et endroit (textoésie)

     

    Un miroir

     

    A l'envers de la vie

    doute dévorant

    version d'un vide

    ou d'un vouloir

    De l'iris aux lèvres

    Etre ou paraître.

     

    Et ma proposition reflétant la sienne :

     

    Nue

    Devant ma psyché

    Je me revois

    Il y a tant d'années

    Jeune et aimée

    Par un prince illusoire

    Caprices et frivolités

    Que reflètent mal

    La maturité.....

     

    Suzâme et Esclarmonde le 01/11/2012

     

    Miroir envers et endroit (textoésie)

     

     


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  •    Le saviez-vous ? Le 11 novembre, jour de la commémoration de la fin de la Grande Guerre est aussi celle où il y a très longtemps, l'on croyait que l'ours entrait en hibernation et cette journée marquait l'entrée dans le temps hivernal.

     

       

    Et le 11 novembre, c'est aussi le jour de la Saint-Martin, saint qui était très populaire au Moyen-Âge, d'où probablement l'incroyable nombre de communes, de hameaux ou de villages qui portent ce nom. Et parmi ces légendes, il y en a une qui le met aux prises avec un ours. L'ours ayant dévoré l'âne de son attelage, Martin pour le punir, le força a tirer sa charette à la place de l'âne et lui donna son nom. D'où probablement la coutume d'appeler les ours Martin. Coûtume qui perdure encore car ma fille a eu pour ses trois ans un ours en peluche avec ce prénom brodé sur sa salopette...


     

    Journée des ours

    Martin (et Maximin) sur le dos d'un ours


    Et voici un ours qui n'est pas vraiment en peluche...



    Film magnifique mais un peu oublié, dommage !


    Dans les civilisations celtes, l'ours est le symbole de la classe guerrière et donc de la royauté (arzh en breton, art en irlandais) et qui a donné le prénom d'un héros mythique : Arthur... Cette racine indo-européenne désigne également la déesse grecque Artémis mais aussi l'Arctique... Plus commun est le prénom Bernard qui vient aussi de "ours" mais du germanique. Car la vénération et l'antropomorphisme vis-à-vis de l'ours concernent de nombreuses cultures comme celle des Aïnous du Japon ou les Amérindiens.


     

    Journée des ours

    Le roi Arthur (film "Excalibur")


     

    Journée des ours

    l'ours était ausi un symbole sexuel et de fécondité. Une expression populaire "avoir les ours" désignait les menstrues !


     

       Et y a t il un rapport entre cette fête de Saint-Martin et celle de l'ours avec l'Armistice, cette date est-elle une coïncidence ?
    Il semblerait que non : en fait les Allemands étaient prêts à signer l'armistice bien avant le 11 novembre mais les maréchaux Foch et Joffre insistèrent pour qu'elle soit signée le 11 novembre à 11 heures. La fête de Saint-Martin devait être populaire encore à cette époque.

    Et c'est en effet, à l'heure et au jour que l'ours entre en hibernation que fut décidé de la fin des combats.

     

       Martin et l'ours, 40 jours avant le solstice d'hiver nous invite à entrer dans le monde souterrain où va se tramer le retour de la fécondité de la terre.

    Si ce mythe du 11 novembre vous a plu, je vous invite à découvrir ce site.

     

    Journée des ours

     


     

     


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