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Sacrement
Au pied des Pyrénées, une bourgade cossue, dominée par sa belle église romane...Un mariage a lieu réunissant deux familles petite bourgeoise bien en vue dans la région...
Cette église, Claire la connaissait bien, elle y avait été baptisée, elle y avait fait sa Première Communion, sa Profession de foi et enfin sa Confirmation avant de la déserter sauf pour quelques obsèques et mariages.
Elle avait l'impression d'y rentrer pour la première fois, elle l'a trouva cette église si familière soudainement austère, son style roman très sobre et épuré la frappa comme si elle la redécouvrait. Une peur terrible la saisit et elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Sa tenue, grande robe et dentelles, lui était pesante et elle avait envie d'être nue, seule dans la montagne, avec les isards et les ours.
Je ne supporte plus que toi et ta mère, vous vous mêliez de mes affaires sans cesse comme si j'étais un demeuré ! Va t'occuper de tes fesses et fous moi la paix ! J'ai besoin d'être seul, fous le camp ! Tu as entendu ? j'ai besoin d'être seul ! Seul !!!
Elle revit ses yeux gris et très doux devenir d'un seul coup perçants, oui perçants c'était le mot, son regard lui perçait le coeur, pourquoi s'évertuait-elle à s'occuper de lui comme d'un nouveau né, lui qui était si fier ? Et son énervement lui rappelait celui de son père contre sa mère quand elle était petite. Elle entendait leurs disputes dans son lit et elle était morte de peur. Ils se disputaient moins maintenant. Son père, avec l'âge, devenait de plus en plus affable, sa mère elle, ne changeait pas mais au moins, les choses se déroulaient sous un jour plus feutré. Allait-elle connaître cela de nouveau, cette violence, ces éclats de voix avec Bertrand ?
L'autel lui paraissait à des kilomètres et malgré la chaleur de l'été, elle frissonnait. Elle se demandait si les gens remarquait son malaise. Elle même avait toujours pensé que les mariages étaient lourds de non-dits. Jusque là, elle en avait été la spectatrice parfois amusée de ce rituel où l'alcool déliait les coeurs et les langues, où les mamans et les grands mères versaient des larmes et où les mariés étaient tétanisés d'émotion comme s'ils faisaient le grand saut.
Et maintenant, c'était elle et son mari qui étaient le clou du spectacle. Oui, de toute façon, ça y est, elle s'était mariée, tout regret viendrait trop tard. Pourtant, elle se rendit compte que, malgré sa désertion des églises ces dernières années, elle était demeurée croyante car pour elle, c'est ce long et fastidieux trajet jusqu'à l'autel, l'échange des alliances, leurs serments de fidélité devant Dieu qui scelleraient à jamais leur union. Le passage à la mairie n'était que broutilles et paperasseries.
Après sa colère, Bertrand s'était ensuite précipité vers Claire. Comme à son habitude, il avait changé de nouveau d'humeur et c'est le Bertrand peluche et tendre qui était venu la prendre dans ses bras. Sa colère n'existait plus. Elle n'avait jamais existé. Le problème, c'est que dans le coeur et la mémoire de Claire, elle existait toujours. Et c'est avec mal à l'aise qu'elle accueillit Bertrand contre elle. Puis elle vit qu'il avait retrouvé son regard doux et que ses caresses étaient irrésistibles... Jamais, elle ne pourrait vivre sans lui, le manque serait tellement fort qu'elle en mourrait. Elle aimait ses mots, son humour, ses baisers, ses mains et son regard, son incroyable regard...
Et c'est avec plus d'assurance qu'elle monta les trois marches jusqu'aux deux chaises disposées devant l'autel.
Tags : mariage, cérémonial, famille, couple
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Commentaires
1DanVendredi 18 Novembre 2011 à 09:17Répondre
Bises,
Louv'
Cette appréhension bien normale avant de se passer
la chaîne au cou pour des années.
Et puis chaque couple a son histoire...
Bisous
Frieda
Rien à voir avec les sentiments.
Mélanger les deux est bien fat.
Bisous !
bisous
mais jolie histoire Esclarmonde,bien contée
comme je me connais j'aurais tout planté là, un scandale n'est pas si grave à la vie qui attend cette pauvre Claire
ce n'est pas le bon ... c'est tout
je suis un peu abrupte mais je n'aime pas tourner autour du pot, il vaut mieux trancher une bonne fois quitte à faire mal
la vie sera plus belle
je t'embrasse passe une belle soirée
il fait nuit tôt maintenant pourtant il n'est pas tard...
joelle
Une vie est vite abîmée , me vaut donc réfléchir avant
Bon et doux weekend
Bisous
timilo
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