• Aquarelle marine

     

    Venu de si loin 

    Venu de tout au Nord 

    Des senteurs de l'océan 

    Des Vents du septentrion 

    Tu es sans doute quelque part 

    Coincé dans les bouchons 

    Probablement encore étonné 

    De nos emportements 

    Coups de klaxon 

    Et coups de volants 

     

    Et moi j'essuie les tables 

    Et astique les verres 

    En attendant 

    Le grand chambardement 

    Du mois d'août 

    Parenthèse légère 

    Dans nos vies délétères 

     

    Tu t'installeras là 

    A la table près du figuier 

    Avec femme et enfants 

    Prendre du bon temps 

    Respirer la farigoule 

    Faire une partie de boules 

    Marcher dans les cailloux 

    Barboter dans les rivières 

    Arpenter les marchés 

    Avec un joli panier 

     

    Après des heures de route 

    Tu en rêve depuis si longtemps 

    De notre paysage de carte postale 

    Du parfum de la lavande 

    Des collines bleutés 

    Du soleil impitoyable 

    Et moi également... 

    Onze mois que j'attend ce moment 

    Onze mois que s'égrène le temps 

    Un chapelet face au firmament 

    J'attend le coeur battant 

    Que vienne le moment 

    Où je serai...

     

    Submergée par la marée boréale 

    Que ton regard répand 

    Sur mon pays de sécheresse 

    Et avant que le temps 

    Me prenne de vitesse 

    Je te regarderai 

    Te Contemplerai 

     

    Soleil d'été sur 

    Teint diaphane 

    Regard méridional 

    Sur des yeux bleutés 

    Aquarelle marine 

    Crystal Gazing*

    Dans ces collines arides 

     

    Quatre semaines 

    De contemplation 

    Quatre semaines 

    D'admiration 

    Quatre semaines 

    De satisfaction 

    Et un mois d'août 

    S'est écoulé 

    Avant l'automne 

    Couleur absence 

    En attendant d'autres mois augustes... 

    Et rouille la table près du figuier... 

     

    Hiver cristallisé 

    Comme mon âme fixée 

    Sur les mois du calendrier

     

    * regard de cristal 

    Aquarelle marine

     

     

    Petit poème inspiré par mon trajet à travers la France le samedi 2 août, jour classé "noir" pas Bison Futé lorsque j'ai traversé la Drôme Provençale.... 

     

     

     

     


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    Le dernier enfant de St Kilda

       L'emplacement de l'ancien village sur l'île d'Hilda, la plus grande île de l'archipel de Saint-Kilda

     

       L'archipel de Saint-Kilda est le groupe d'îles le plus isolée du Royaume Uni. Situé à l'ouest des Hébrides Extérieures (extrême ouest de l'Ecosse), il est resté à l'écart de la civilisation et ses habitants vivaient encore en autarcie avec un style de vie inchangé depuis des siècles alors que la Grande Bretagne devenait "l'usine du monde" et le plus grand empire colonial de la planète.

       L'archipel (ou plutôt l'une des îles, Hilda) a été habitée continuellement depuis l'âge du Bronze jusqu'à 1930, date où les derniers habitants ont demandé leur évacuation. Pourtant, les conditions de vie était rudes sur place, la mer, dangereuse, excluait l'activité de la pêche. Le climat continuellement frais engendrait de mauvaises conditions pour l'agriculture. Les gens vivaient de l'élevage du mouton et de la capture d'oiseaux de mer... Ils cultivaient la pomme de terre, mais la surface des terres arables étaient limitée.

      Depuis l'évacuation de l'archipel, on essaye de préserver la pureté et la beauté de cet endroit et de protéger les espèces animales dont certaines sont endémiques comme le mulot de St Kilda, un mulot deux fois plus gros que le plus répandu mulot sylvestre et le mouton de Soay qui vit à l'état sauvage. St Kilda abrite aussi un grand nombre d'oiseaux de mer.

     

     

    Le dernier enfant de St Kilda

     

     

      L'archipel appartient au National Trust of Scotland et a été classé au patrimoine de l'Unesco. Fait rare : il est autant classé pour son patrimoine naturel que pour son patrimoine culturel. Les sites bénéficiants de ce double classement sont rares dans le monde (c'est le cas par exemple de Machu Picchu).

      L'isolement des gens les rendaient à la merci des maladies et des blessures graves car ils avaient des moyens rudimentaires pour appeler de l'aide bien que les quelques voyageurs venus dans l'archipel au XVIII et XIXe siècles, on témoigné de la bonne santé des habitants. Par contre, une sorte de démocratie participative existait dans la petite communauté de l'archipel : tous les jours, les hommes se réunissaient et discutaient de tous leurs projets sans qu'il exista un quelconque leader autoproclamé... 

       Cependant, à la suite d'une épidémie de grippe et de mauvaises récoltes dans les années 1920, les 37 habitants restant décidèrent de se faire évacuer....

     

    Le dernier enfant de St Kilda

     

       Le bébé sur la photo a été évacué de l'île à l'âge de cinq ans. Il est décédé en 2013 à l'âge de 88 ans et j'ai trouvé son histoire - émouvante - sur un journal britannique en ligne et j'en ai fait une adaptation en français :

    source ici : http://www.dailyrecord.co.uk/news/real-life/pictures-farewell-one-st-kildas-2333774

     

      " Norman John Gillies vivaient à la fin de sa vie à Ipswich en Angleterre mais était fier de son héritage. Il avait encore parlé des derniers moments qu'ils avaient vécu avec sa mère peu de temps avant son décès. 

       Atteinte d'une appendicite alors qu'elle était enceinte, sa mère a été évacuée d'urgence par un chalutier de passage. Avant de s'éloigner, elle fit un signe de la main à son fils qui le lui rendit puis il ne la revit plus jamais car elle mourut dans un hôpital à Glasgow avec la petite fille qu'elle avait mise au monde.

      Cette tragédie fut l'un des événements qui poussèrent les îliens à rejoindre le continent. Et en effet, l'évacuation eut lieu quelques mois plus tard, le 29 août 1930.

       En arrivant sur la terre ferme, Norman fut impressionné par la foule, les voitures et les arbres qu'ils voyaient pour la première fois...

       Mais pour les jeunes comme lui, c'était l'occasion de découvrir le monde et de saisir de nouvelles opportunités. Par contre, pour les plus âgés, quitter St Kilda était un vrai déchirement. 

     

     

    Le dernier enfant de St Kilda

     

     

       Car si la vie était rude, des valeurs de partage et d'entraide étaient appliquées jour après jour; par exemple, on se partageait les soins et l'assistance aux personnes âgées et aux infirmes.

       Norman John Gillies était marié depuis 63 ans à son décès, il a rencontré son épouse alors qu'il servait dans la Royal Navy mais est retourné à St Kilda plusieurs fois avant sa disparition pour aider à la conservation et la restauration des maisons de l'unique village de l'archipel où il avait grandi.

       Depuis son décès, il ne reste qu'une seule personne vivante ayant vécu à St Kilda : Rachel Johnson.

       Malgré son tout jeune âge à l'époque, Norman pouvait se remémorer de façon très claire de sa vie à St Kilda et les circonstances qui l'avaient mené à partir de là-bas avec les autres habitants.

       Il représentait un dernier lien avec plus de 2000 ans d'histoire et d'héritage.... Le personnel du National Trust en gardent un souvenir ému car Norman John était très impliqué dans la préservation du patrimoine de St Kilda."

     

     

    Le dernier enfant de St Kilda

     

     

     

      

     J'espère que cette histoire vous aura plus comme moi. Je suis assez curieusement fascinée par les îles, particulièrement celles qui sont battues par les vents... Une prochaine fois, je ferai des recherches sur Tristan da Cunha, l'île habitée la plus isolée du monde...

      Il y a un côté paradoxal dans le fait que St Kilda soit maintenant inhabitée alors que les moyens de secourir les gens très loin n'ont jamais été aussi performants... Cela dit, y rester 2 ou 3 jours pour visiter me suffirait je pense sarcastic

    C'est mon dernier article avant la pause de l'été alors bel été à tous.

     

     

     

     

     

       


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    La rivière charriait aussi les ordures vers la mer, ainsi que des fragments d'objets qui avaient appartenu à des gens et avaient été arrachés aux rives, des corps aussi, mais rarement, oh et de pauvres bébés qui étaient embarrassants. La vitesse et la profondeur de la rivière constituaient de grandes allées du secret.
     

     

    Le testament secret

     

     

       Roseanne a 100 cent ou à peu près... Elle ne sais plus exactement, elle sait juste qu'elle est enfermée dans cet hôpital psychiatrique depuis plusieurs décennies, un institut vétuste et de délabré mais un établissement flambant neuf que la nouvelle Irlande bien plus riche qu'auparavant a pu faire construire, va être bientôt inauguré et les pensionnaires y vont être transférés. Sans assurance aucune que leur vie y va être vraiment meilleure qu'auparavant.

     

       Le directeur de l'établissement, le docteur William Grene est chargé de voir si certains patients sont aptes à retourner à une vie normale avant le grand déménagement. C'est le cas de Roseanne dont l'appréciation psychologique semble difficile car la vieille dame ne se livre pas facilement mais sa fraîcheur de caractère malgré toutes ces années passées entre quatre murs et le grand âge l'intrigue beaucoup.

     

    Le testament secret

     

       Roseanne préfère livrer sa vie et tout ce qui l'a mené à cette vie de paria sur le papier. De son côté, le docteur se confie également, son ressenti est aussi celle du lecteur qui découvre petit à petit les bribes de la vie de la vieille dame jusqu'au dénouement final. 

     

       Un destin façonné par l'histoire de l'Irlande, celle de la guerre d'indépendance, puis de la guerre civile puis des années trente marquées par un contrôle social sourcilleux de la part de l'église catholique mais aussi par la montée du fascisme qui avait aussi atteint l'île via un mouvement appellé les "chemises bleues"... 

     

    Le testament secret

     

       Une église qui oublie sa fonction première, celle de réunir les fidèles et apporter un soutien moral à la population comme elle l'avait fait pendant les sombres années de l'occupation anglaise. C'est ici le père Gaunt, persécuteur de Roseanne qui est le triste symbole d'une église transformée en machine bureaucratique que le régime très athée de l'URSS n'aurait pas renié...

     

       Comme dans  bien des romans irlandais, on a ici affaire à des personnages dont le destin se mêle étroitement à l'Histoire et où les personnages se croyant acteurs de l'Histoire sont en fait manipulés par elle. C'est le cas des hommes que Roseanne a aimé : son père et les trois frères McNulty, dont l'un sera son mari.

     

       Mais cette histoire qui pourrait être extrêmement noire et désespérante, est illuminée de bout en bout par Roseanne qui, malgré son destin, garde foi en l'homme et à l'avenir et a gardé précieusement en mémoire les petites épisodes lumineux de sa vie. Ce grand sens de l'espérance finira par la récompenser...

        

    J'ai jadis vécu au milieu des hommes et je les ai trouvés dans l'ensemble cruels et froids, et pourtant je pourrais citer les noms de trois ou quatre d'entre eux qui étaient des anges.

    Je pense qu'il est possible de mesurer l'importance de notre vie à l'aune de ces quelques anges que nous apercevons parmi nous, sans pour autant être comme eux.

     

     

    Le testament secret

    La ville de Sligo où se déroule une bonne partie de l'intrigue du roman (photo Wikipedia)

     

     

    Le testament secret

     

        L'auteur, Sébastian Barry, né en 1955, est un dramaturge, poète et romancier irlandais. Il devient véritablement connu après la parution de "A Long Long Way" en 2005. Le Testament secret a été récompensé par le James Tait Black Prize et le Prix Costa (deux prix littéraires prestigieux en Grande-Bretagne) en 2008.

     

       Je ne suis pas habituée à l'exercice difficile de la critique littéraire, mais j'espère être assez convaincante sarcastic

     

     


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  • Les clues de Barles (04)

     

    "Je pense que tu peux réussir à extraire de la roche quelque chose à propos de la charité que tu ne pourrais obtenir du génie profond contenu dans les bibliothèques des maîtres. Tu apprendras à l'ombre des arbres ce que tu ne peux pas apprendre à l'école."

     

    Bernard de Clairvaux 

     

     

     

    Forêt de hêtres de Pontis (04)

     

     

    A l'ombre des arbres....

    Forêt à Montferrier (09)

     

     

     

    Encore une citation trouvée dans l'ouvrage "Nature et spiritualité" de Jean-Marie Pelt

     

     

     


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    " Mes jeunes gens ne travailleront jamais.

    Les gens qui travaillent ne peuvent rêver

    et la sagesse vient de nos rêves.

     

    Vous me demandez de labourer la terre.

    Dois-je prendre un couteau et déchirer le sein de ma mère ?

    Alors quand je mourrai, elle ne voudra pas me prendre dans son sein pour que j'y repose.

     

    Vous me demandez de creuser pour trouver de la pierre.

    Dois-je creuser sous sa peau pour m'emparer de ses os ?

    Alors quand je mourrai, je pourrai plus entrer dans son corps pour renaître.

     

    Vous me demandez de couper l'herbe, d'en faire du foin,

    De la vendre pour être aussi riche que les hommes blancs.

    Mais comment oserais-je couper les cheveux de ma mère ?

     

    Smohalla*

     

     

     

    * Smohalla (né aux environs de 1815 et décédé en 1895) était un homme médecine, un prophète et un sage de la tribu des Wanapum. Il est à l'origine de la religion des rêveurs. Sa tribu était établie sur la Columbia River (actuel état de Washington au nord-ouest des Etats-Unis).

     

    Citations tirée de l'ouvrage "Nature et spiritualité" de Jean-Marie Pelt.

     

     


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