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    "Plutôt que l'amour, l'argent, la gloire, donne-moi la vérité"

    Henry David Thoreau (Walden ou la vie dans les bois)


    imm023 24

    Montagne aux alentours de Saint-Jurs (Alpes-de-Haute-Provence)

     

       "Pour l'heure, dans ces alentours, la majeure partie de la contrée n'est pas propriété privée ; le paysage n'appartient à personne et le marcheur jouit d'une liberté relative. Mais sans doute un jour viendra où il sera cloisonné en soi-disant terrains d'agrément, dans lesquels seuls quelques-uns goûteront un plaisir restreint et exclusif - quand se multiplieront les clôtures comme des pièges pour les hommes et autres machines inventées pour les confiner sur les routes créée par Dieu sera interprété comme le fait de pénétrer sur un terrain privé sans autorisation. Jouir d'une chose exclusivement va en général de pair avec le fait de se priver soi-même du plaisir qu'on en pourrait tirer. Profitons des opportunités qui nous sont offertes avant que viennent les mauvais jours."

     

    Henry David Thoreau - "De la marche" (Walking) - 1851. Edité en français par les éditions des Mille et une Nuits.

     

       Thoreau (1812 - 1862) est aussi l'auteur de "Walden ou la vie dans les bois" et théoricien de la désobéissance civile. Farouchement épris de liberté, c'est dans la vie sauvage - sans contrainte - que réside sa philosophie. "De la marche" est le texte d'une conférence que Thoreau donna en 1851. Par cet éloge de la marche, exercice salutaire et libérateur, Thoreau fait l'apologie de la valeur suprême de l'individu et présente comme indispensable l'éveil à soi par la communion avec la nature.... Il aurait influencé Gandhi Et Martin-Luther King, rien de moins !!



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  •    A la suite du cri du coeur d'Elo hier soir, je me suis rappelé d'un livre que j'ai lu il y a plusieurs années mais qui m'avait beaucoup marqué et qui avait été écrit par une vieille dame, 77 ans à l'époque et qui aurait 111 ans aujourd'hui si elle était encore en vie. Son discours, même aujourd'hui, est plus que jamais neuf et prend même une résonance particulière à notre triste époque... Je vous le fais partager en espérant que comme moi, vous l'apprécierez. 

     

       "A qui profite le progrès ? Pourquoi des journées de huit heures ? On pourrait supprimer le chômage en ne faisant que des journées de quatre à cinq heures et employer tout le monde. Apprendre à vivre très simplement : une table, quatre chaises, un lit, cela suffit, apprendre à profiter de nos loisirs, s'approcher le plus possible de la nature... Apprendre à lire, car lire c'est se fortifier l'esprit avec l'esprit des autres, s'imbiber le coeur de sentiments qui vous agréent, c'est lutter avec un auteur suivant que nos idées ou nos sentiments s'accordent avec les siens ou s'en séparent. Apprendre à vivre en sachant vivre et laisser vivre. Ne prendre dans la vie que les fleurs, des fleurs le parfum, laisser tomber cette religion qui a le plus d'adeptes, je parle de la religion de l'argent. Un auteur belge a dit : "Puissance de la bonté et de la douceur, c'est toi qui devrais gouverner le monde. Hélas ! Cette monnaie par trop idéale n'a pas cours sur notre planète..." Ce n'est pas vrai, il existe fort heureusement des  êtres pour lesquels elle existe. Je connais des couples, des familles où il n'y a que cette monnaie-là qui fonctionne, et c'est beau, c'est splendide et c''est vers ça que nous devons tendre tous autant que nous sommes.

       Je sais bien que l'on va me traiter d'utopiste, c'est vrai ! et je dis : pourquoi pas ! Il faut des utopies pour qu'un jour elles deviennent des réalités. Il y a moins d'un siècle, la sécurité sociale, les allocations de chômage, les congés payés étaient des utopies, aujourd'hui nous les avons et tout le monde trouve ça naturel. C'est pareil pour toutes choses, ce qui paraît pour toutes choses, ce qui paraît irréalisable pour l'heure sera une réalité demain. Avec moins d'égoïsme, moins d'indifférence nous devons arriver à plus de justice et plus d'égalité entre les hommes. Mais il faut s'y mettre tout de suite, ne rien attendre des "énarques".

    (...)

       Voila !

       Pour finir, puisqu'il faut finir, que dire de plus ?

       Non à la violence, non à l'injustice.

       Oui au pacifisme et l'Humain.

       Tant pis si cela ressemble à un slogan, pour moi c'est un slogan d'amour. J'y ai cru. J'y crois encore et toujours, jusqu'à mon dernier souffle de vie."

     

    Extrait de "La soupe aux herbes sauvages" d'Emilie Carles (1977). Livre que je vous recommande de part ailleurs, il n'a pas pris une ride...

     

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  • "J'y suis allé une fois, Monsieur, dans un de ces centres commerciaux, parce que ça venait d'ouvrir, c'était une curiosité, à l'époque, voyez-vous. La musique vous y poursuit partout. Des chants martelés, des onomatopées de jouissance ou de douleur. Entre les morceaux de musique, des gens parlent, mais on ne comprend jamais ce qu'ils disent. Des publicités et des blagues, je suppose. C'est ce qui m'a surtout frappé, dans les voix de la radio qui me traquaient dans les galeries, l'ironie. Comme si on se moquait de moi personnellement. Une impression que j'ai souvent ressenti à Logres. C'est une ville monstrueuse, vous verrez (...) Je suis rentrée dans un magasin pour regarder quelques chemises. Dans les haut-parleurs, des choeurs de voix mâles scandaient des phrases où il était question de niquer, de salopes, de thunes. Le vendeur m'a reçu courtoisement, j'ai acheté une chemise à carreaux, nous nous sommes remerciés mutuellement tandis que les haut-parleurs hurlaient des ordures. En sortant, il m'a semblé que ce centre commercial, ces parkings, ces hangars à vêtements, tout ça était une farce. Nous étions dans la même ignominie, nous acceptions tout, la débauche des fringues à vendre et les saletés des radios, nous étions grotesques, des bouffons, comme disaient les groupes de gamins qui nous bousculaient et crachaient à nos pieds, et ils avaient raison".


    Extrait de "Festins Secrets" de Pierre Jourde, éditions L'Esprit des Péninsules


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    centre commercial Plan de Campagne près de Marseille, le plus grand d'Europe paraît-il...


    "Festins Secrets", sorti en 2005, est un roman où un narrateur mystérieux tutoie le personnage principal, Gilles Saurat, un jeune professeur qui prend son premier poste d'enseignant dans un collège "difficile" de la ville imaginaire de Logres. L'auteur, enseignant lui-même et ayant exercé plusieurs années dans des collèges de différentes régions de France, règle ses comptes avec l'Education Nationale et plus largement, contre la société française contemporaine. Ce roman, remarquablement écrit à mon goût, ce que je trouve rare par les temps qui courent, est volontairement noir et désespéré, nous vivons, selon lui, dans une société corrompue, où il faut avoir des relations pour réussir et si l'on est seuls, on est écrasés par une bureaucratie anonyme. L'amour est réduit à des actes sexuels narcissiques et personne, sous prétexte de politiquement correct, n'ose affronter et réprimer les voyous qui rendent le métier d'enseignant impossible. Jourde accuse une société qui met l'insignifiance et l'ignorance sur un piédestal. Pessimiste ? J'ai trouvé que ce roman est une mise-en-garde contre les dérives de notre société et la ville imaginaire de Logres est un condensé des travers de notre monde....


    Un autre extrait :

    "Je me suis perdue dans des procédures administratives interminables. J'y suis encore. Les administrations se renvoient la balle. Des années que ça dure. On m'ignore. C'est fantastique. C'est bien simple, je suis à Logres comme si je n'existais pas. Vous verrez vous aussi. On vous marche sur les pieds, on vous bouscule. On vous crache sous les nez. Personne ne paraît vous voir, personne vous parle. Quant à leurs maisons, monsieur, des huîtres. Chacune a un petit monde bien claquemuré. On y entre jamais. Ils ont leurs codes, leurs histoires, ils ont leurs confréries, leurs réseaux, et tout fonctionne comme ça. Vous ignorez toujours les causes réelles de ce qui vous arrive à Logres. Tout cela se décide dans des cercles auxquels nous n'avons pas accès. On croie y avoir accès, j'y ai cru. Mais c'est une illusion, ils vous leurrent sciemment. Plus on croie être dedans, plus on est dehors, loin du coeur, de là où ça se passe vraiment. Vous n'êtes pas des leurs."

     





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