• Le complot de la famine (1)

     Je reviens sur mon blog après 4 mois d'absence et de nombreux soucis d'ordre familiaux et juridiques au cours desquels mon ordinateur m'a été confisqué par la justice.... Il y a deux jours, une amie m'a prêté un PC presque neuf ce qui me permet de revenir sur mon blog histoire de me changer les idées. J'en profite pour publier cet article que j'avais préparé peu de temps avant la disparition de mon ordi... C'est un résumé d'un livre en anglais (il n'a pas été à ce jour traduit en français) que j'ai eu, vu les circonstances qui m'ont grandement affecté le moral, eu du mal à terminer. J'ai pourtant pu finir de le lire il y a quelques jours, et j'espère pouvoir faire les autres articles que j'avais prévu de faire début avril...

    Certains qui ont suivi mon blog depuis quelques années savent sans doute que je suis passionnée par l'Irlande et les irlandais et quoi de mieux pour connaître un peuple que de connaître son histoire ? Et la Grande Famine de 1846/1850 est certainement un des épisodes majeurs, un événement effroyable qui a laissé des traces dans la psyché collective irlandaise... Un livre qui se lit comme une enquête policière avec un verdict final sans appel...

     

    Famine

     

       The Famine Plot (le complot de la famine) est un essai écrit par l'historien irlandais Tim Pat Coogan sorti en 2012. Coogan est aussi l'auteur de divers essais historiques sur des grandes figures historiques de son pays (Michael Collins, Eamon de Valera) et sur l'IRA entre autre. Ils n'ont pas été traduits en français et c'est dans la langue de Shakespeare que j'ai lu The Famine Plot.

       Beaucoup d'ouvrages sont bien sûr sortis avant celui-ci traitant de cet épisode particulièrement tragique de l'histoire irlandaise mais celui-ci s'attache à démontrer la responsabilité écrasante de l'Angleterre dans cette affaire voire la réalisation d'un souhait : celle de voir le peuple irlandais, alors très nombreux, être anéantie par une catastrophe qui aurait été la "volonté de Dieu".

       A l'époque, l'Irlande a été politiquement rattachée au Royaume Uni (traité d'union de 1800) et le pays, qui avait connu quelques progrès économique au XVIIIe siècle, sombre à nouveau dans la misère et le sous-développement.

    C'est une société gérée directement de Londres, une capitale lointaine et indifférente, et depuis que le parlement irlandais y a fermé ses portes, la vie mondaine et culturelle de Dublin, assez développée avant 1800, s'éteint peu à peu.

    Et surtout, la masse de la population, paysanne, déjà misérable, voit ses conditions de vie, déjà précaires, devenir de plus en plus effroyables.

     

    Famine

     

       C'est une société extrêmement hiérarchisée, avec une hyperclasse de grands propriétaires terriens dont les dépenses souvent somptuaires contrastent avec la grande pauvreté des paysans.

       La classe dirigeante est en grande majorité d'origine anglaise et protestante (anglicane). Attirée par le faste de la vie mondaine londonienne voire de plus loin, la plupart de ces propriétaires n'habitent même pas sur leur propriété, laissant des gérants le soin de s'occuper de leurs terres.

    Les paysans, tous au service de ces propriétaires, n'ont aucun droit et en plus des travaux des champs qu'ils doivent accomplir pour un maigre salaire, ils sont souvent redevables de corvées non payées comme l'entretien des murettes qui délimitent les champs.

    Leurs conditions de vie sont d'une grande précarité et leur pauvreté est immense : ils vivent dans de modestes chaumière en pisé, souvent sans fenêtre et c'est généralement un trou percé dans le toit qui sert à évacuer la fumée de la cheminée. Généralement, les familles doivent dormir à même le sol, tout habillés, se serrant les uns contre les autres pour se tenir chaud.

    Les mariages se célèbrent souvent alors que les couples sont très jeunes et survient ensuite de nombreux enfants. C'est ainsi que la population irlandaise est multipliée par trois entre 1740 et 1840... Ce qui engendre des problèmes de partage des terres, les parcelles devenant de plus en plus petites par personne. D'ailleurs, l'immense majorité des terres est dédiée à des cultures d'exportations à destination de l'Angleterre alors que les petits paysans ont pour eux que des minuscules lopins de terre appelés "lazy beds".

     

    Famine

     

     La pomme de terre (peu coûteuse, productive et nutritive) est devenue la ressource de nourriture quasi unique des paysans, sauf pour ceux qui vivent au bord de la mer et qui peuvent améliorer leur ordinaire avec des fruits de mer et des algues.

       On imagine sans peine le danger que représentaient le monopole de la pomme de terre si celles-ci venaient à manquer...

       Déjà, des famines assez limitées ont frappées plusieurs fois le pays avant 1847, année du début de la Grande Famine. La nourriture venait souvent à manquer au printemps après l'épuisement des réserves et avant la récolte suivante qui se faisait l'été.

       Et pourtant des témoins stupéfaits (tel le français Alexis de Tocqueville) ont rapporté la bonne santé de ces habitants, la quasi absence de dérives qui auraient pu être engendrées par la promiscuité et la misère comme l'inceste, et surtout la joie de vivre des habitants. Leurs loisirs, quand ils pouvaient en avoir, consistaient à se raconter des contes à la veillée ou à jouer au hurling*. Sinon, c'était la religion. Le clergé catholique, très modeste aussi (ils n'étaient pas payés par l'état car pas reconnu par celui-ci contrairement aux prêtres protestants qui vivaient confortablement grâce aux subsides de l'état) était proche des gens car quasiment aussi misérable qu'eux.

       Il y avait cependant de graves problèmes sociaux tel l'existence de bandes rivales s'affrontant lors de bagarres d'une rare violence, et tournées vers le vandalisme et la vengeance. Il y avait aussi ceux que les irlandais appelaient les gombeen men, des usuriers sans scrupules qui faisaient des prêts à taux vertigineux aux paysans pour qu'ils puissent se fournir le minimum vital (comme les vêtements). Enfin, un autre fléau était l'alcool, généralement de contrebande.

     

    Famine

     

       Ce peuple était méprisée par les colons, surtout ceux qui, à Londres, décidaient de leur avenir et leur vie quotidienne.

       Depuis quelques décennies, une nouvelle idéologie économique, appelé le "laissez-faire" (ancêtre de notre ultra-libéralisme) était en vogue dans la bourgeoisie dominante britannique. Le plus célèbre de ses idéologues étaient Adam Smith, un écossais qui ne voyaient dans les actions humaines que l'intérêt bien compris et la motivation de s'enrichir au détriment de toute valeur altruiste.

       Une autre idéologie, celle-ci promus par le pasteur anglican et économiste, Thomas Malthus, consistait à prôner la restriction démographique car l'augmentation de la population était vue comme une menace pour les ressources naturelles. Ce sont naturellement les pauvres qui étaient particulièrement montrés du doigt et Malthus voulait les inciter à la restriction des naissances. Dans ce contexte, la nombreuse population irlandaise était dans le viseur des malthusiens et une catastrophe réduisant la population de l'île émeraude vue comme une aubaine... 

    (fin de la première partie)

     

     


    Tags Tags : , , , , , , ,
  • Commentaires

    1
    Lundi 17 Août 2015 à 17:27

    coucou Esclarmonde, j'espère que tout va s'arranger ... 

    Cela semble rocambolesque cette histoire

    et je reviendrais lire calmement ton article (là sortie du chien programmé).

    Bises 

    2
    Lundi 17 Août 2015 à 17:38

    heureux retour !

    salut de pinson

    3
    Lundi 17 Août 2015 à 19:25

    Bonjour Esclarmonde heureuse de te retrouver j'espère que tes ennuis ne seront bientôt qu'un mauvais souvenir.

    J('aime aussi beaucoup l'Irlande j"e trouve des ressemblances avec l'Aubrac pour ce qui est des paysages.

    Ton histoire a l'air assez mouvementé, j'espère que t u pourras poursuivre tes publications

    Bises

    4
    Lundi 17 Août 2015 à 21:28
    Ravie de vous retrouver comme si de rien n'était ! J'espère en effet pouvoir continuer mes publications comme si de rien ne s'était passé. Jackie, je ne sais pas pour l'Aubrac que je n'ai pas visité depuis longtemps mais certains coins du Cézallier un peu plus nord ont une ressemblance frappante avec l'Irlande à cause des tourbières et des croix de granit.
    Bises et à bientôt
    Esclarmonde 
    5
    Lundi 17 Août 2015 à 23:07

    heureux de te retrouver. Quand on est au fond du trou, on ne peut que remonter. Les Irlandais avaient en ces temps épouvantables un énorme défaut : ils n'étaient pas anglais,  ce qui suffit pour être considéré comme étant inférieurs. et mon propos de la première phrase devint évident : les Irlandais remontent . J'ai actuellement un apprenant Irlandais  et nous parlons souvent de cette situation.
    A bientôt, bisou des Mers du Sud

    6
    Mardi 18 Août 2015 à 10:47

    Bien heureux de te retrouver.....Courage et bonne continuation. Bises, Jean-Pierre

    7
    Mercredi 19 Août 2015 à 16:11

    je te remercie pour ton article et je lirai avec plaisir la suite. Bises 

    8
    Mercredi 19 Août 2015 à 21:48

    Merci pour tous vos messages encourageants et d'avoir apprécié cet article. Peache : certes les irlandais étaient détestés car n'étant pas anglais mais un tel acharnement cache une tout autre raison mais j'en parlerai certainement plus tard

    Bises et belle soirée

    9
    Vendredi 21 Août 2015 à 10:21

    pour connaître ;l'Irlande c'est vrai que c'est un peuple joyeux toujorus prêt à faire la fête, les pommes de terre aussi sont toujours au menu et le mouton... l'alcool demeure toujours un fléau hélas  je vais noter le titre de ce livre car il a l'air tres bien, le clergé est toujours présent pour aider les familles en difficulté, j'imagine que ce livre a été écrit il y pas mal de temps ??  tu sais que c'est en Irlande que j'ai vu les plus beaux tatouages  ???? et les tenues vestimentaires les plus extravagantes mais j'ai bcp aimé ce pays, les habitants sont plus cool qu'en France même avec tous leurs problèmes

    ceci dit j'espère que tu vois je bout du tunnel je le souhaite, bon courage, les tribunaux c'est toujours très long et en plus on est en pleines vacances judiciaires.....

    je t'embrasse Esclarmonde, heureuse de t'avoir retrouvée

    joellegif belle journée

     

     

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    10
    Vendredi 21 Août 2015 à 22:04

    Si tu veux, je te laisse les coordonnées du livre mais il n'existe qu'en anglais, je n'ai pas trouvé de traduction nulle part. Je lis pas trop mal en anglais (je lis beaucoup mieux l'anglais que je le parle...) mais tout de même; avec mes ennuis à côté, j'ai eu du mal à en venir à bout, j'ai même été obligée de relire certains passages... Ce livre est récent (2012 je crois)

    http://www.amazon.fr/The-Famine-Plot-Englands-Irelands/dp/1137278838

    Sinon, merci beaucoup pour tes encouragements, la justice française par sa lenteur est une honte. Bisous et bon week end

     

     

    11
    Vendredi 21 Août 2015 à 23:50

    Je suis bien heureuse de te retrouver, et cet article est fort intéressant.

    Je me demandais ce que tu devenais, à présent je comprends mieux. Quand la machine judiciaire est lancée, ça dure toujours bien trop longtemps, j'espère que tu vas en voir enfin le bout, que tes soucis vont s'arranger et que ton moral revienne au beau fixe. yes

    Je comprends que tu ne soies pas inspirée pour ton blog musique, ceci-dit on reprend "musique à coeur ouvert" le 2 septembre avec le thème "le travail" proposé par renée,  si d'ici-là ça te dit...

    Je te souhaite un bon weekend, gros bisous !

    12
    Samedi 22 Août 2015 à 14:30

    merci Esclarmonde, j'ai comme toi je lis bcp mieux que je ne parle anglais mais bon çà va quand meme j'ai note le lien et je vais réfléchir car  j'ai une PAL de 50 livres environ et lire en anglais ne va pas me prendre qu'une semaine  mais je le garde dans les favoris  (oct 2013 je viens de regarder

    belle journée à toi je t'embrasse

    joelle

    13
    Mardi 25 Août 2015 à 21:17

    Bonsoir Mélo et merci pour ton gentil message, pour le thème travail sur MCO, je vais voir si j'ai le temps... J'avais passé de très bons moments avec vous tous

     

    Bonsoir Ozy, si en effet tu lis bien en anglais, ce livre devrait te plaire, bonne lecture

     

    Bises et à bientôt pour la suite de mon article

    Esclarmonde 

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :