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le boléro de Mona (salon 55)
C'était le temps du bonheur pour Mona, le printemps au pays de Cocagne. Willy l'avait emmené au restaurant, une petite auberge quelque part dans le riant Lauragais. Ce n'était pas le genre d'établissement où l'on met de la FM en fond musical mais on y diffusait en fond discret des morceaux bien choisis : du Mozart, du Stan Getz, du Fauré ou les Romances de Beethoven.Ils avaient choisi un endroit très romantique, élégant mais sans prétention aucune : un feu de cheminée, bonne odeur de cassoulet maison, goût de Madiran en bouche et café velouté... Mona trouvait Willy très charmant avec son regard d'enfant et quelque chose de désarmant dans ses manières sans détour. Elle voulait se laisser porter.... Puis Willy l'avait regardé longuement avec ses yeux couleur océan et lui avait pris la main juste au moment ou l'on entendait Le Boléro de Ravel. C'était très singulier pour Mona car elle n'aimait pas cette musique qui lui rappelait un film* qu'elle était allée voir avec ses parents des années auparavant et qu'elle n'avait pas du tout aimé. Pourtant ce brave Maurice n'y était pour rien !
Mona se jura d'aimer désormais cet air si célèbre puisque il lui rappellerait à jamais ce moment où elle se serait cru dans un roman qu'on dit "de gare" sauf que c'était vrai. Et désormais, elle ne pourrait plus entendre cet air d'abord chuchoté puis évoluant vers une sorte d'extase finale sans penser à ce moment. Mona apprendrait ainsi à apprécier ce morceau entendu mille et une fois auparavant à son grand agacement.
Mais le printemps était fini depuis longtemps maintenant et une Toussaint éternellement sinistre l'attendait pour toujours depuis que Willy était finalement parti vers une île lointaine avec Esmeralda, une danseuse de boléro. Et Mona passait désormais ses journées à servir des sandwichs infâmes et mous avec des gobelets de soda aux édulcorants à des clients aux regards mornes pour gagner quelques piècettes. C'était un endroit de banlieue qui ressemblait à n'importe quel banlieue de ce monde standardisé. Le Lauragais et ses champs de tournesol était loin comme l'était Willy.
Et comme musique de fond dans ce petit boui-boui, on entendait les tubes mondialisés concoctés par des multinationales sans âme et pour Mona, cela tombait bien car elle détestait plus que jamais le boléro de Ravel, le Pavane de Fauré, Stan Getz et les Romances de Beethoven...
* "Les uns et les autres" de Claude Lelouch. A la fin du film, tous les personnages sont réunis autour d'une chorégraphie sur le Boléro de Ravel :
Pour le 55e salon d'écriture du Partage des mots, il fallait cette semaine s'inspirer du Boléro de Ravel.
Tags : mona, bolero, willy, ravel, sans
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Commentaires
1DanMardi 18 Octobre 2011 à 09:17Répondre
Il y a toujours un air qui nous rappelle...
Bises,
Louv'
Une belle participation au boléro du jour
Souvenirs des beaux jours passés
Bisous et bon mardi
Frieda
Merci de raviver cela. J'ai tout à coup envie de revoir ce film. Je me contenterai de Ravel dans l'attente ! Bises et bonne nuit !
Jonas
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