•    On commémore aujourd'hui le vingtième anniversaire de la crue meurtrière de l'Ouvéze du 22 septembre 1992 qui avait fait 47 victimes dont 34 à Vaison la Romaine suite à un phénomène orageux d'une rare intensité provoquant une crue catastrophique.

     

       La crue prend des proportions démentes à Vaison car à cette endroit, la vallée de l'Ouvèze se retrécie faisant une sorte de "goulet d'étranglement".

     

       Le pont romain de Vaison, pourtant construit très haut au dessus de la rivière se trouve submergé, des lotissements et des campings situés dans le lit de la rivière sont rayés de la carte, emportant des caravanes et même des maisons !

     

    Triste anniversaire...

     

       En fin d'été début d'automne se produit dans les régions méditerranéennes un phénomène connue sous le nom d' "épisode cévenol", et s'il, comme son nom l'indique concerne le Languedoc, ce phénomène peut se produire en Provence également. En fin d'été, début d'automne, la mer est encore très chaude et les dépressions méditerranéennes rencontrent de l'air plus froid en altitude (Massif Central pour le Languedoc, Alpes pour la Provence). De plus, comme on est à la fin d'une longue période de sécheresse, les sols sont très secs et n'absorbent pas la pluie qui ruisselle vers les vallées fluviales...

      Cette situation orageuse d'une ampleur exceptionnelle touche la région en général : il y a cinq morts en Ardèche, un mort à Nyons dans la Drôme. Le frère d'une amie de mes parents vivant près de Carpentras, manque d'être emporté par les eaux. A Pertuis, tout au sud du Vaucluse, mon compagnon Patrice que je ne connaissais pas encore, me racconte encore souvent qu'il a vu un hypermarché situé près d'un cours d'eau, être inondé par une crue en ce fameux 22 septembre. Non loin de là, une amie s'est retrouvée coincée pendant des heures dans un village avant qu'elle puisse rentrer chez elle.

       Un habitant a filmé cette catastrophe, un document amateur qui rend bien compte de l'ambiance apocalyptique. Remarquez la dame qui imperturbablement balaye son balcon alors qu'un déluge biblique s'abat sur la ville !!!

     

     

         Cette catastrophe est restée dans les mémoires et elle a permis de faire réaliser aux gens la dangerosité brusque de ces cours d'eau méditerrannéen et/ou montagnards. 

        En effet, le bilan humain a été très lourd car des gens vivaient tout près du lit de la rivière ce qui ne se faisait pas autrefois. Je ne les accablerais pas car ils l'ont payé très cher, parfois de leur vie. 

        L'eau en furie a eu une force inimaginable, elle a pu ainsi emporter des maisons en béton, ne laissant que les fondations....

     

    Triste anniversaire...

    L'Ouvèze dans son état "normal"

        Principaux responsables ? Bien sûr, les gens qui se sont installés là mais surtout, les municipalités et les promoteurs immobiliers... L'autre problème étant la désertification en amont de la vallée de l'Ouvèze notamment près de sa source située dans les environs du col de Perty (Drôme limitrophe des Hautes-Alpes), les exploitations agricoles moins entretenues et le déboisement accentue le ruissellement des eaux. 

       Et si on vous parle de "réchauffement climatique", bouchez vous les oreilles ! Dans les archives de la mairie de Vaison la Romaine, on a retrouvé un document datant de l'époque de Louis XIII : une inondation de la même ampleur que celle de 1992 avait eu lieu mais il n y avait eu aucun mort car personne n'avait l'imprudence de construire son habitation près du lit de la rivière. Et d'ailleurs les quartiers médiévaux et romains de Vaison, s'ils ont été aussi touchés et ont nécessité des travaux de rénovation, les dégats ont été bien plus importants dans les quartiers près de la rivière et c'est là que vivaient les victimes... 

    Quelques liens ici, ici et ici.


     


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  •    Des nouvelles du forum du Partage des Mots pour le nouveau salon d'écriture : écrire un poème en terza rima.

     

    La route de l'Atlantide (82e salon d'écriture)

     

    Je regarde à l'horizon s'éloigner le navire 

    Il vogue lentement vers les cieux de l'Orient 

    Et comme lui, je voudrais encore partir. 


    Hisser la grand' voile, direction le ponant 

    Où j'ai entrevu un jour des horizons magiques, 

    Là où demeure encore l'éclat du frmament. 


    C'est là où on échoué mes rêves érotiques, 

    Un parfum de légende ancré dans ma mémoire, 

    Je tombe en pâmoison devant ce souvenir sismique. 


    Je pleure chaque jour cette absence incantatoire 

    Dans ce silence abyssal, cette quête impavide, 

    Je cherche les étoiles symbole de l'espoir. 


    Et le sextant m'indique la route de l'Atlantide...

     

    Esclarmonde, le 08/09/2012

     


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  •  

     

    Suite de ma nouvelle "Comme dans un film de Mike Leigh"( ICI)


     

    Donovan



    "C'est vous Donovan ?" 

    - C'est ne pas improbable... 

    - On m'a dit que vous étiez spécialiste en poésie. 

    - Qui c'est ce "on" qui vous a dit une chose pareille  ? 

    Claire montra un vendeur. C'était Jake. Celui-là, à part les bandes dessinées... 

    - Ah je vois, c'est vrai qu'il devait être dans le plus grand des embarras avec 

    votre question... 

    - Connaissez-vous Dylan Thomas ? coupa Claire 

    - Le plus grand des poètes gallois, bien sûr que je le connais, j'ai lu tous ces 

    poèmes ! Jake est un garçon aux goûts simples, certes,  mais il aurait pu vous 

    renseigner. Ca fait rien, c'est toujours avec plaisir que je vend des oeuvres 

    poétiques... au fait, vous connaissez Seamus Heaney ? 

    - euh non 

    - un poète irlandais, magnifque ! Et Yeats ? Vous connaissez ? 

    - J'ai un peu entendu parler.... 

    - My arms are like the twisted thorn 

      And yet there beauty lay ; 

      The frst of all the tribe lay there 

      And did such pleasure take ; 

      She who had brought great Hector down 

      And put all Troy to wreck.(1) 


        Claire ne compris pas tous les mots mais ce vendeur avec son accent étrange 

    donnait une mélodie troublante et irrésistible à ces vers. Pendant quelques 

    instants, elle oublia pourquoi elle était venue là. Elle aimait bien ce nom, 

    Donovan, cela lui rappelait quelque chose... mais oui un chanteur ! 


    I'm Just mad about Saffron 

    Saffron's  mad about me 

    I'm just mad about Saffron 

    She's just mad about me 

    They call me mellow yellow (Quite rightly).... 


       Ce soir-là, Claire se retrouva chez elle avec trois recueils de poèmes : "Twenty- 

    fve poems" de Dylan Thomas comme elle l'avait prévu mais aussi "Death of a 

    Naturalist" de Seamus Heaney et "The Wandering of Oisin and other poems" de 

    Yeats... Ce garçon lui aurait vendu sans coup férir tous les volumes de 

    l'Encyclopaedia Britannica. Sur le coup, elle était un vexée puis elle s'assit, prit les 

    livres un par un sans savoir par lequel commencer. Son hésitation s'éternisant, 

    elle ferma les yeux, jeta les livres en vrac sur son lit et, toujours les yeux fermés, 

    elle tâtonna avec sa main droite jusqu'au premier livre qu'elle allait toucher. Ses 

    doigts sentirent une couverture brochée, au papier bien lisse. Elle rouvrit les yeux 

    et sourit : c'était Dylan Thomas. 

        Elle ouvrit la première page et lu : 


    And death shall have no dominion. 

    Dead men naked they shall be one 

    With the man in the wind and the west moon ; 

    When their bones are picked clean and the clean bones gone, 

    They shall have stars at elbow and foot ; 

    Though they go mad they shall be sane, 

    Though they sink through the sea they shall rise again 

    Though lovers be lost love shall not ; 

    And death shall have no dominion.(2) 


       Il lui tardait de revenir dans cette librairie pour retrouver Donovan et ses vers 

    qu'il semblait connaître par coeur. Le prétexte était aisé : acheter d'autres livres de 

    poésies mais pour être crédible, il lui fallait attendre un bon moment. Il n'était pas 

    vraisemblable qu'une française puisse arriver à lire une telle quantité de poésies 

    en anglais en l'espace de quelques jours... 

       Claire se coucha, lu deux pages de poésies du poète gallois et s'endormit avec le 

    livre ouvert près de son visage. Les deux ouvrages des deux poètes irlandais 

    étaient toujours sur son lit. Ils tombèrent l'un après l'autre du lit pendant la nuit 

    mais elle ne les entendit pas. 

       Claire ne tint qu'une semaine. A son retour à la librairie, elle eu la chance de 

    retrouver Donovan, ses yeux gris pâle et son beau sourire. Mais son coeur battait 

    surtout en se souvenant du jeune homme récitant les vers de Yeats. 

      "Alors, ça vous a plu ?" demanda-t-il visiblement heureux de la revoir. 

    - Très, répondit Claire, consciente de ne pas être forcément très crédible. 

    - Vous aimez la musique ? demanda-t-il 

    - Beaucoup !! 

    - Vendredi soir, je joue avec mes copains dans un pub et je serais très content que 

    vous veniez. 

    (a suivre) 


    (1) Mes bras sont comme l'épine tordue 

         Et cependant la beauté y repose 

         Et y avait pris un tel plaisir. 

         C'est elle qui est à l'origine de la chute d'Hector 

         Et qui a poussé Troie toute entière à la ruine. 

         (traduction de moi, peut-être pas très fable !) 


    (2)  Et la mort n'aura pas d'empire. 

          Les morts nus feront foule 

          Avec l'homme dans le vent et la lune rousse; 

          Quand leurs os blanchiront et leurs os blancs partiront, 

          Ils auront des étoiles au coude et au pied; 

          Même s'ils sont fous, ils seront sains d'esprit, 

          Même s'ils sont perdus en mer, ils reviendront: 

          Les amoureux seront égarés mais l'amour restera; 

          Et la mort n'aura pas d'empire. 

          (traduction trouvée sur le net)


    Esclarmonde, Septembre 2012


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  • Pause....


    Bonjour, mon blog est en pause pendant au minimum deux jours. 

    C'est la rentrée des classes pour mes trois enfants et de plus, je prépare la suite à ma nouvelle "Comme dans un film de Mike Leigh"...

    De quoi m'occuper !

    A bientôt, bisous


    Pause....

     

     



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  • L'employé de librairie

     Quelque part à Londres, automne 1984


      Le jeune homme se levait vers sept heures. Après s'être soigneusement rasé et brossé ses cheveux, il se préparait une assiette de porridge et du thé tout en écoutant un morceau de musique, rock de préférence, voire punk si la journée s'annonçait particulièrement rude, pour se donner du courage.  Et justement, ce jour-là, il devait effectuer des tâches plutôt rebutantes alors il choisit d'écouter The Clash. 

     

      Il installa la galette en vinyle sur la platine de sa hi-fi puis sirota son thé en écoutant la guitare et la voix de Joe Strummer.

     

    London is drowning and I live by the river.

     

       Puis, comme tous les matins, il enfila son blouson en jean et dévala les escaliers jusqu'en bas de son immeuble. Il était un peu en retard.

     

       Sa démarche encore un peu adolescente et sa silhouette juvénile se perdaient dans la foule puis le Tube, ce monstre à l'appétit d'ogre, l'avalait et le recrachait cinq stations plus loin. Là, le jeune homme se mutait en employé modèle et rentrait dans la grande librairie où il travaillait à 08h20 précise. Cela lui permettait de fumer une cigarette avant de commencer sa journée.

     

      Pendant ses trajets quotidiens, il ne se rendait pas compte que parfois dans la foule, une jeune femme, voire une femme nettement plus âgée que lui, remarquait ses traits un peu durs qui lui donnaient un air volontaire et un peu voyou, et ses yeux gris clair qui, par contraste avec son visage, avaient gardé l'étonnement et la curiosité de l'enfance. 

      

    Plongé dans son livre comme tous les jours, Il ne remarquait rien mais quelques heures plus tard, une jeune femme le remarquerait à son tour et cette fois, il l'a remarquerait aussi et cela allait se passer sur son lieu de travail, le lieu même où l'on pense que rien d'original ne pouvait arriver.

     

      Pendant ses trajets, comme à beaucoup de moments de la journée, il était plongé dans un livre, généralement un roman ou un recueil de poésies. Là, une fois n'était pas coutume, il lisait un essai de l'intellectuel de gauche américain Christopher Lasch. Plongé dans sa lecture, il ne voyait plus le monde autour de lui.

     

      Son travail dans une grande librairie fréquentée par les étudiants le satisfaisait grandement même s'il regrettait d'avoir du quitter son pays où le marasme économique régnait. C'était un cousin, émigré avant lui, qui lui avait proposé de l'héberger dans la capitale anglaise, l'ancienne capitale de l'empire ou le soleil ne se couchait jamais, pour qu'il puisse y trouver du travail. 

     

       

      A midi, il avait juste le temps d'aller prendre une bière et un sandwich. Quand il pouvait, il allait dans le grand parc non loin de là, lire allongé dans l'herbe pendant sa courte pause. Le soir, s'il n'avait rien d'autre à faire, il lirait encore en écoutant de la musique, parfois jouait de la guitare avant de dormir. Il n'avait pas de télévision. Son appartement était tout petit et comme son salaire avait augmenté, il aurait pu en changer pour un plus vaste mais il n'y pensait même pas. Il avait assez de place pour mettre des disques, des livres et un lit, le reste importait peu...

     

      Une heure et demi plus tard, il rencontrerait une jeune femme, étrangère comme lui et le compteur de sa vie repartirait de zéro. Pour le moment, il croyait vivre une de ces nombreuses journées où il ne se passerait rien de notable et qui serait vite oubliée.

     

      Sa pause terminée, il revint à la librairie. C'est là que le destin, plutôt de bonne humeur ce jour-là lui avait concocté un scénario, tendre, facétieux, mâtiné d'une douce ironie comme dans les films de Mike Leigh...

     

     L'employé de librairie

     

    *Mike Leigh : voir ici 




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