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Par Esclarmonde le 13 Novembre 2011 à 08:00
Après mon article sur le 11 novembre, mon cheminement de pensée m'a orienté vers le souvenir d'un film gallois Hedd Wyn qui retrace le parcours d'un poète gallois, Ellis Humphrey Evans plus connu dans son pays sous le pseudonyme bardique de Hedd Wyn (qui veut dire "paix blanche") et qui se retrouve bien malgré ses idées pacifistes, engagé dans l'armée britannique et finit par mourir sur les champs de bataille de la Première Guerre Mondiale.
L'acteur gallois Huw Garmon qui joue le rôle principal
Ce film est un réquisitoire contre la guerre et inversement, une exaltation de l'esprit poétique qui est tragiquement mis à mal par l'esprit belliqueux de l'époque. On suit d'abord la vie tranquille du poète qui participe aux Eisteddfod (festivals de poésie gallois) et rêve d'avoir une chaire de poésie. Il vit une histoire d'amour avec une jeune femme admiratrice de ses talents de poètes.
Mais Hedd Wyn est finalement obligé de partir d'abord sur les champs de bataille français pour finalement trouver la mort sur le champs de bataille de Passchendaele en Belgique. Auparavant, on assiste à l'humiliation des soldats gallois, insultés par les officiers anglais car ils ne comprennent pas les ordres vu qu'ils parlent peu ou pas l'anglais, et j'ai pu y voir aussi, à travers ce fim, une réflexion sur l'esprit colonialiste britannique envers ses minorités celtes... Et chez les gallois, comme chez les irlandais, l'Anglais (du point de vue symbolique) est vue comme l'oppresseur, le donneur d'ordre à l'esprit autoritaire et belliciste.
la statue de Hedd Wyn dans son village natal
Dans cette scène, que je n'ai trouvé qu'en VO, on voit les soldats gallois rabroués par leur supérieur et même si on comprend pas les propos, on sent bien le mépris affiché de ces officiers anglais envers ces soldats gallois et je crains que la même chose s'est produite en France envers les soldats venus de la campagne et qui la plupart du temps parlaient encore le breton, l'occitan, le corse...
Le film a été produit par la chaîne de télévision gallois S4C, filliale de Channel 4, qui diffuse beaucoup d'émissions en gallois. Ce film a eu de nombreux prix et a été nominé aux Oscars dans la catégorie des films en langue étrangère en 1994. Je ne l'ai pas vu au cinéma là-bas car il était sorti un ou deux ans avant mon séjour mais je l'ai vu sur ARTE peu de temps après mon retour en France. Malgré la beauté des paysages gallois, la qualité de la mise en scène et le charme de l'acteur principal, j'avoue que c'est le coeur gros que je suis ressorti de ma séance télé en voyant l'intelligence et la poésie vaincue par l'esprit imbécile de la guerre...
Beaucoup de fims ont été faits sur la guerre de 14/18 et j'ai par exemple beaucoup aimé la vie et rien d'autre avec Philippe Noiret et je n'ai malheureusement jamais vu les Sentiers de la Gloire de Kubrick longtemps interdit en France...
Hedd Wyn - Pays de Galles (1992)
Réalisation : Paul Turner
Scénario : Alan LLwyd
Acteurs principaux : Huw Garmon, Catryn Fychan, Cerri Cunnington
Difficile voire impossible de le trouver en DVD en France semble-t-il, sur internet je l'ai trouvé en vente que dans un site de vente en ligne gallois avec soutitrages en anglais...
8 commentaires -
Par Esclarmonde le 18 Septembre 2011 à 21:48
Non, je ne radote pas ! ... Si je publie de nouveau cet article que j'ai publié une première fois il y a seulement trois semaines, c'est pour qu'il fasse partie du "challenge irlandais", du coup je vais essayer de l'améliorer un peu.
"Le cheval venu de la mer" (titre original "Into The West"), est un film britannico-irlandais sorti en 1992 en Grande-Bretagne et en Irlande et en 1994 en France. J'ignorais son existence car j'étais en France lors de sa sortie dans les Îles Britanniques et au Pays-de-Galles lors de sa sortie en France ! ce qui fait que j'en ai entendu parler qu'il y a quelques mois seulement puis j'ai pu l'emprunter dans la médiathèque de Digne et visionné il y a quelques jours.
Les nomades irlandais (Irish Travellers) ne sont pas des Tziganes ou des Roms même s'ils partagent les mêmes habitudes de vie, mais des irlandais de souche. On suppose que l'extrème pauvreté qui reignait dans le pays à l'époque de la domination anglaise avait jeté ces gens sur la route, certains pensent qu'ils ont commencé leur vie nomade à l'époque ou Oliver Cromwell a fomenté une expédition sanglante et repressive en Irlande en 1649. On les appelle traditionnellement "tinkers" (rétameurs) mais ce terme est vu de nos jours comme péjoratif.
Ward, un vieux "Tinker" qui vit dans un campement de nomades dans l'ouest de l'Irlande vient rendre visite à son fils, John Reilly et à ses deux petits fils Tito et Osie dans une banlieue sordide de Dublin où ils vivent en sédentaires depuis que John Reilly a perdu sa femme lors de la naissance d'Osie. Ward est accompagné d'un magnifique cheval blanc qu'il a trouvé errant sur une plage. Il l'a nommé Tir Na Nóg qui est le nom du pays de l'éternelle jeunesse situé sous l'océan dans la mythologie celtique. Le grand père transmet cette légende aux enfants qui se prennent d'affection pour le cheval et Wald décide de rentrer chez lui dans l'ouest en laissant Tir Na Nóg à ses petits enfants.
Les enfants vivent dans un appartement sordide, leur père est sans travail et souffre d'alcoolisme. Ils sont étroitement surveillés par les services sociaux qui découvrent un jour que Tir Na Nóg a élu domicile dans le petit logement.... La police confisque l'animal et Tir Na Nóg est confié à un riche amateur de chevaux. Tito et Osie décide de récupérer le cheval et de s'enfuir vers l'ouest....
On assiste alors à une course-poursuite entre les enfants, le cheval et les forces de l'ordre qui nous conduit à l'ouest du pays, course-poursuite qui fait penser aux westerns, western que les enfants adorent regarder pour échapper à la grisaille de leur quotidien.
Le film offre plein de contrastes : contraste entre la vie très dure des nomades et leur imaginaire tourné vers le merveilleux, contraste entre une Irlande moderne et les traditions les plus ancestrales tel ce cheval dans ces grands ensembles qui m'a fait penser à l'irruption du sauvage dans la "civilisation". Le cheval, qui est un élément fondamental de la culture irlandaise est ici vecteur de liberté et de magie.
On trouve aussi un contraste saisissant entre la banlieue de Dublin et sa grisaille et les splendides paysages de l'ouest du pays. L'ouest semble être le dernier refuge de la culture celtique et c'est d'ailleurs là que John retrouve son clan qui n'a pas renoncé à une vie traditionnelle. Les nomades sont les derniers gardiens d'une mémoire qui semble disparaître ailleurs. Le film parle aussi de la transmission, du racisme - particulièrement virulent de la part de la police - des inégalité sociales, tout cela avec en toile de fond une Irlande qui se modernise très vite à l'époque et le film semble interroger cette modernité qui a fait monter le niveau de vie mais menace l'identité de ce pays. Beaucoup de personnages secondaires tel le riche affairiste qui s'empare de Tir Na Nóg, son complice policier ou des gens que rencontrent les nomades sont antipathiques, racistes et semblent aliénés par la vie citadine et l'argent. On le voit, malgré son sens du merveilleux, le scénariste Jim Sheridan n'est pas tendre avec son propre pays !
Toutes ces interrogations, nous en sommes pas si éloignés, pensons par exemple au sort des Roms dans notre pays et à la basse récupération politique qui en est faite...
Petite fiche technique :
- Réalisation : Mike Newell (son film le plus célèbre est probablement "Trois mariages et un enterrement").
- Scénario : Jim Sheridan (a réalisé "Au Nom du Père")
- Musique : Patrick Doyle
- Distribution : Gabriel Byrne (John Reilly), Ellen Barkin (Kathleen), David Kelly (Ward), Ciarán Fitzgerald (Osie), Rúaidhri Conroy (Tito).
Pour finir... Une petite vidéo qui montre des extraits du film :
Et la bande-annonce, mais je l'ai trouvé qu'en anglais.....Article faisant partie du :
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