• Première partie ici, deuxième partie ici

     

    Le prince des ténèbres (3/4)

     

       Tu n'arrives pas à jouer la victime comme le font généralement les femmes battues, tu t'es jetée dans ce piège tout exprès, tu n'arrives pas à quitter cet homme car toutes ces histoires de plus en plus fréquentes de divorcés avec des déchirements à propos des enfants, tu les trouve pitoyables alors tu n'as pas envie de faire pareil. 

      

       Et tu sais que malgré son caractère imprévisible, violent, brouillon et son incroyablement entêtement, tu aimes ton mari. Tu sais que quand cette tempête se sera calmée, il viendra vers toi, il t'enchantera comme il sait si bien le faire, tu lui suppliera de ne plus jamais faire ça, de ne plus te frapper et lui, te promettra, cela ne coûte rien, qu'il ne mérite aucun pardon, que c'est un bon-à-rien, un fou furieux et un ivrogne et qu'il ne mériterait qu'une chose : que tu le laisses pour revenir sans te retourner dans ta belle région gorgée de soleil. 

      

        Mais tu as choisi la pluie. Cette pluie a la saveur de ses baisers, de ses caresses et des petits mots qu'il te murmure : ma princesse du soleil, ma fée enchanteresse, ma sirène des mers du Sud... Laisse moi te faire l'amour pour que  je répande  en toi un venin délectable dont tu ne pourras plus te passer et que tu me réclameras sans cesse... 

      

       Vous commencez à vous dévêtir, vous n'avez pas la patience d'aller jusqu'à votre chambre et c'est le canapé qui vous accueille.   Vous laissez vos corps revenir à des temps immémoriaux dans une extase païenne. Le plaisir qu'il te donne, tu ne le peux pas le décrire, c'est de l'ordre du démentiel, cela vient de l'autre monde. Tu cries ta joie et ton amour pour lui.  Mais ce soir, tu es restée allongée longtemps sur le sol à sangloter. Tu tremble des pieds à la tête mais le pire qui pourrait t'arriver est de céder complétement à la peur, redouter jour après jour les réactions de ton mari et sa violence. Tu ne dois pas.Tu te relèves complètement. Tu vas te regarder dans la glace. Tu t'en tires avec un bleu sur la  

    pommette droite. Tu te dis qu'il y a pire : des femmes aux crânes défoncés à coup de marteau ou explosés par un fusil de chasse. Des femmes aux fractures multiples sans compter celles qui fnissent à l'hôpital psychiatrique. Celle qui supplient leurs maris de ne pas les tuer et qui s'entendent répondre Tu vas crever salope... Alors, c'est vrai, que ce tu vis toi, ce n'est pas si grave...

     

        Toi, tu n'as pas à avoir peur. Tu sais où est ton mari et ce qu'il fait comme d'habitude après ses accès de fureur. Enfin pour le moment car la situation peut évoluer dans un sens que tu redoutes.   Il est à l'entresol, dans la pièce ou sont rangées les confitures, les pommes de terre ainsi que les vins que tu  

    ramènes de Provence. Il est prostré contre un mur. Il pleure comme un enfant. Un enfant à qui on a toujours dit les garçons ne pleurent pas. Lorsque tu arrives et que tu t'assoies près de lui, il se blottit contre toi. Il te dit que c'est un minable et que tu devrais le faire boucler en prison. Tu lui dis mais non... et tu  

    le laisses un peu se lover encore contre toi puis il te supplie de ne pas le quitter, que sans toi il n'est plus rien, rien qu'une ombre et pourtant il fait tout pour cela.   

     

     (fin de la troisième partie)

     

     

     


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  • Deuxième partie, pour la première partie, voir ici.

     

      

    Le prince des ténèbres (2/4)

     

       Une fois que les enfants sont au lit, cette tranche de vie rassurante, conforme au bonheur familial idéal s'éteint ce soir- là. Ton mari a bu, il se colle contre toi en t'inondant de petits mots doux et certains un peu vulgaires. Cela te met mal à l'aise car il empeste un mélange de cigarettes et de bière et ses simagrées te font penser à celle d'un gamin rusant pour avoir le jouet qu'il convoite. 

       

       Tu oses. Tu oses lui dire qu'il sent la bière à plein nez et que ton expérience te fait deviner qu'il a bu au moins dix bières. C'est le mot de trop, tu as toujours été trop franche et trop limpide, et en face, celui que tu as choisi d'épouser est ombre et lumière, et ce soir-là, toujours sans que tu t'y attendes, il est devenu le prince des ténèbres. 

     

      

       Il n'a pas aimé que tu lui dises qu'il sent l'alcool et que tu es un peu lassée qu'il rentre à la maison dans cet état.  Il n'a pas aimé que tu lui dises qu'il sent l'alcool et que tu tu es un peu lassée qu'il rentre à la maison dans cet état. Il a commencé par t'attraper par les cheveux et à t'allonger deux gifles et sous le choc, ta tête a heurté le coin du frigo. Tu t'es laissée tomber par terre souhaitant mourir. Que n'importe qui te tabasse, le psychopathe croisé un jour de malchance ou le voyou du coin, tu t'en remettrais. Mais pitié mon Dieu, pas celui que tu aimes, l'amour que tu lui portes décuple la douleur. 

     

       

       Cela fait longtemps que tu lis dans les journaux les faits divers de ce genre mettant en scène un couple souvent alcoolique et marginal, lui frappe sa femme ou sa compagne, souvent à mort, puis parfois sort dans la rue avec son fusil de chasse et tire dans le tas, parfois aussi, il s'en prend à lui-même et les flics retrouvent son corps allongé à côté de celui de sa compagne de désespérance.  

      

       Vous n'êtes pas des marginaux l'un et l'autre, un emploi respectable et pas trop mal payé pour lui, une place de mère au foyer avec de beaux enfants bien tenus. aussi les coups sont comme amortis par des parois en mousse de votre jolie maison. Les voisins vous voient comme des gens charmants et heureux et si ton mari est parfois bourré comme un coing, cela est vu comme normal ici parce qu'à part ça, il est charmant et aime bien bavarder malgré une timidité bien visible.  Après tout les Dieux celtes s'enivraient bien dans des banquets et Dionysos ne montrait pas un meilleur exemple.

     

     

       Tout en te frappant, ton mari te crie plusieurs fois de te taire, de la fermer et qu'il n'en peut plus, que tu es insupportable.  Bien sûr, il te l'a déjà dit, tu es une enfant gâtée, tes parents et tes deux tantes te couvraient de cadeaux et de fringues qui coûtaient la peau des fesses pendant que lui le plus souvent,  

    mettaient les vêtements usagés de son frère aîné, que tu avais le droit de tout faire, en particulier des déclarations à l'emporte-pièce de chipie mal élevée qui à lui, lui aurait valu une bonne correction de la part de ses parents qui eux, ne plaisantaient pas avec l'éducation. 

      

       Tu entend cela dans un bain de coton,  tu arrives d'un milieu bourgeois décadent de petits profs à la paye garantie toutes les fins de mois alors que chez ton mari, on ne gaspille rien et on se sert les coudes. Une tribu un peu grégaire aux habitudes ancestrales. A cet instant, tu le hais, tu trouves que c'est un bon-à-rien obtus venu d'une famille de mauvais prolos qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Qu'il est bien de son milieu : tout juste bon à faire l'intéressant devant les copains et picoler mais dès qu'il est question de faire quelque chose de sérieux, il n y a plus personne. 

     

    (fin de la deuxième partie)

     

     

     


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  •   En ce dernier week-end, c'était "la journée contre les violences faites aux femmes", je ne pense pas malheureusement, que ce genre de journée change quoi que soit mais c'est une occasion pour moi de ressortir un texte que j'ai écris il y a plusieurs mois pour enfin le publier après quelques corrections... Assez long, il va être publié en quatre parties.

     

     

    le prince des ténèbres (1/4)

     

       Cela arrive toujours de la même façon : en général les enfants sont déjà couchés, à croire que ton mari calcule son coup. D'ailleurs, il a des grands principes, l'un d'entre eux est que les enfants sont sacrés, la vie est sacrée d'ailleurs pour lui, il te l'a dit plusieurs fois. Tu l'as toujours cru sincère enfin, jusqu'à il y a

    quelques temps, jusqu'à ce jour où il est revenu de son travail, visiblement ivre. 

      

       C'est de plus en plus fréquent qu'entre son bureau et la maison, ton mari fasse une pause dans un bistrot, le plus souvent avec ses collègues. Ce sont les habitudes de bien des hommes et c'est pour cela que jusqu'ici tu n'as rien dit. Tu t'es juré de t'adapter et tu sais que bon nombre d'entre eux ont besoin de décompresser d'une journée de travail, de leur vie familiale, de leurs rêves brisés. Les frustrés sont aussi légion. Le courage leur manque, la vie s'écoule au jour le jour et leurs rêves d'enfant s'éloignent. La frustration grandit comme un mauvais parasite en eux et seul l'alcool soulage, très brièvement, leur douleur. 

     

       Ton mari dit souvent que le système broie l'enfant qui est en lui, il t'a dit cela lors d'une ses de 

    crises où la réalité devient pour lui plus insupportable que d'habitude.  Pourtant, tu lui as dit un jour que,  pour un fils d'ouvrier, il ne s'était pas mal débrouillé jusque là. Tu as raison, t'as-t-il répondu, je ne sais pas ce que je veux et ce que je cherche et cela depuis toujours mais si je suis encore debout et fier, c'est 

    que je t'ai trouvé toi ma princesse que j'aime. 

      

       Tes trois enfants ont entre 1 et 5 ans et peut-être se sont-ils aperçu de rien et il est vrai que ton mari a attendu qu'ils aient pris le bain et se soient couchés avant qu'il commence à te frapper. Cela aurait été dommage qu'ils voient ça, ils sont si heureux, l'aîné à la maternelle et les deux autres avec Maman qui s'occupe d'eux toute la journée, avec un beau jardin, des promenades somptueuses autour et le soir, le bain où ils rient aux éclats. Mais tu commences à avoir peur pour eux. 

      

       Tu es le prototype de la femme soumise, de la ménagère d'autrefois, tu ne maîtrise pas ton corps comme disent les féministes ; tu as changé plusieurs fois de pilule car tu ne les supporte pas. Tu as essayé le DIU, tu ne le supportes pas non-plus, ce machin te donnait des douleurs terribles parfois. Ta vie professionnelle piétine depuis près de six ans car dès que tu veux recommencer à travailler, une grossesse se déclare. Quelque chose venu de temps archaïques te rend fertile, te dicte de te reproduire, de donner des enfants à ton mari qui n'en demande pas tant bien que l'idée de l'avortement lui donne des nausées et toi, tu as trouvé le moyen de tomber enceinte tout en prenant la pilule. Occasion pour toi de te dire que les journalistes parisiens derrière leur bureau ne comprennent rien à des femmes ordinaires comme toi. Le malthusianisme et le carriérisme t'es étranger. Mais on dirait que dans cette société, il faut choisir entre manger et être mangé et comme tu n'arrives pas à être méchante, tu te 

    retrouves proie. 

      

    (fin de la première partie)

     


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  • « Il y a de la musique dans le soupir du roseau ; Il y a de la musique dans le bouillonnement du ruisseau ; Il y a de la musique en toutes choses, si les hommes pouvaient l'entendre.  »

    Lord Byron



       Après un samedi extrémement pluvieux, tous les ruisseaux sont gonflés d'eau vive.... Un spectacle qui me ravit toujours et qui est entièrement gratuit...

     

    L'eau vive

     

    L'eau vive

     

    De multiples petites cascades...

     

    L'eau vive

     

     ... caracolent dans les éboulis

     

    L'eau vive

     

    Un ruisseau provisoire traverse même une petite route de campagne 

     

    L'eau vive

     

    L'eau vive

     

       Tous ces ruisseaux vont alimenter le Bès, le principal cours d'eau des environs. Il se jette ensuite dans la Bléone, le torrent alpestre qui traverse Digne et affluent de la Durance....

    Ainsi, toute cette eau se retrouve au final dans la mer.... Et ça me fascine toujours.

     

    L'eau vive

     

    L'eau vive

     

       Et les derniers nuages cèdent la place au soleil laissant la montagne ressembler à un volcan en éruption...

     

    L'eau vive

    Photos prises le 11 novembre dernier... L'été de la Saint-Martin, maintenant fini au jour où je fais cet article, pouvait commencer...

     


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     Voici un texte que j'ai publié il y a quasiment un an jour pour jour.... Comme je n'ai pas d'article prêt pour aujourd'hui et que parait-il, la France a été "dégradée" de AAA à AA1, je pensais que ce texte était plus que jamais d'actualité. Ce n'est qu'une sorte de fable, d'allégorie, surtout pas un cours de sciences économiques....

     

     

     

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       Les élèves tremblaient devant l'arrivée du maître. On l'appelait monsieur Moody. Un nom qui lui allait bien car en anglais, "moody" peut se traduire par "changeant d'humeur". Un maître très sévère qui punissait tous les élèves les uns après les autres.

     

       Il y a eu d'abord Yannis, le petit Grec aux cheveux bruns et bouclés, il avait d'excellents résultats avant que maître Moody s'aperçoive que Yannis avait planqué des pompes dans ses chaussettes et les manches de ces chemises. Ruses grossières que lui avait soufflé un esprit farceur, le mystérieux Goldmansachs. C'était uniquement grâce à ces artifices qu'il avait de bons résultats. Un tricheur. Résultat : au piquet !

     

       Vint ensuite Rory, le petit Irlandais avec ses cheveux roux et son visage constelé de taches de rousseur. Au début, on le trouvait touchant. Il était arrivé à l'école en haillons, il était étiquetté "en retard" mais en peu de temps, il avait eu des résultats spectaculaires, au point qu'il avait dépassé l'allemand et le français... Mais un jour qu'il était arrivé avec des beaux vêtements tout neufs, maître Moody déclara que Rory avait lui aussi triché et il fut mis au piquet aussi.

     

       Quelques temps plus tard, c'est Joana, la Portugaise, une jolie jeune fille brune, sage et appliquée qui fut mise au piquet aussi. Ses torts ? Malgré ses efforts, les résultats n'étaient pas à la hauteur.

     

       Joana fut vite suivie par Pablo l'Espagnol, coupable de dépenser beaucoup d'encre pour des résultats médiocres puis par Paola, la belle Italienne, accusée, comme son camarade grec, de planquer des pompes aussi, mais dans son corsage en ce qui la concernait... 

     

       L'ambiance était morose chez les autres élèves. Un lundi, coup de théatre : c'est Marion, la jolie Française élégante et bonne travailleuse qui fut frappée d'un coup de règle sur les doigts par maître Moody. Marion protesta mais maître Moody lui assena que malgré ses airs de coquettes et son arrogance, elle était aussi cancres que ces pouilleux de grecs et autres européens des périphéries. De plus, on disait qu'elle avait influencée par un mystérieux lutin que tout le monde appelait "talonnettes"puis par une créature multiforme surnommée "flamby".

     

       Ca, c'était inatendu ! Marion, si appliquée et avec sa belle écriture, punie elle-aussi ! Cela n'annonçait rien de bon pour les autres.

     

       Alors les blondinets de la classe, autrichiens, suédois, finlandais... commencèrent à s'inquiéter. Jimmy, le Britannique, faisait toujours bande à part mais essayait de ne pas faire voir qu'il s'inquiétait aussi. Hansi le petit allemand avait lui les meilleures notes grâce aux artifices de la sorcière Angela.

      La partie est de la classe composée de nouveaux comme Hanna la Polonaise et ivan le Slovaque, ne se sentaient pas concernés : c'était les plus cancres de la classe au début et maintenant qu'ils étaient si performants, ils n'allaient pas se faire punir aussi quand-même !

     

       De leur côté, les relégués essayaient de mijoter un plan contre cet abominable maître Moody. Yannis déclara que le secret du bonheur était la liberté et que celle-ci s'obtenait grâce au courage. Il proposa de jeter des boulettes d'encre à la figure de maître Moody et de s'enfuir avant que ses collègues jumeaux, maîtres Standard et Poor's n'arrivent à son secours. Rory était toujours admiratif à l'écoute des discours de sagesse de son camarade grec et il proposa de composer un chant rebelle et poétique pour se donner du courage et Marion rénchérit en suggérant d'écrire un pamphlet philosophique à la manière de Voltaire pour éveiller les consciences... Mais personne n'arrivait à se mettre réellement d'accord.

     

      Puis tout d'un coup, Pablo s'écria : "faisons comme Sigrún !"

    - Sigrún ? C'est qui ça, demanda Joana.

    - C'est ma voisine islandaise expliqua Pablo. Maître Moody a voulu lui faire l'école aussi mais devant tant d'injustices, ses parents ont mis Maître Moody à la porte et maintenant Sigrún faisait l'école en indépendante et sans aucun problèmes.

    - Bonne idée ça, ajouta Paola, arrêtons de subir ce maudit Moody !

    - Révolution !! ajouta Marion

    - Rebellion ! s'exclama Rory

     

    Et les enfants s'avancèrent vers le pupitre alors que maître Moody s'apprêtait à punir l'élève hongrois de la classe...

     

     

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