les Tisseuses d'Etoiles est un trio vocal féminin s'inspirant du gospel, du négro-spiritual et des chants africains. Ce groupe a été crée en 2002 à Marseille. Elles ont donné un concert à Digne-les-Bains vendredi dernier. Dans l'après-midi, elles en avaient donné un pour les enfants de classe primaire de la ville, dont mon fils qui a été ravi. Une bonne occasion pour les enfants d'entendre des types de chants qu'ils ont rarement l'occasion d'entendre chez eux... Et ces trois femmes sont d'un enthousiasme qu'elle savent communiquer à leur public.

   Avec la seule aide de leurs voix et de quelques percussions, ces trois femmes ont mis une ambiance chaleureuse et j'y étais. Un ton festif mais elles ne manquaient pas de nous rappeler les circonstances de la création de ces chants : exil, esclavage et souffrance.

    Malgré une petite forme (somnolence permanente ce jour-là !), j'ai passé un moment très agréable, j'ai trouvé une seule vidéo d'elles mais elle donne une bonne idée de leur talent.

 Site internet ICI

   Le Bloody sunday est le nom donné après coup, au massacre de 14 personnes lors d'une manifestation pacifiste de Catholiques* à Derry (Londonderry)* le 30 janvier 1972. Depuis les années 1960, la minorité catholique d'Irlande du Nord s'était organisé, face à la discrimination qu'ils subissaient de la part du pouvoir politique et économique qui étaient aux mains des Protestants*, depuis la partition de l'Irlande en 1921. La principale organisation, la NICRA (Northern Ireland Civil Right Association) s'inspirait beaucoup du Mouvement des Droits Civiques américains mené par Martin Luther King jr, donc un mouvement de désobéissance civile non-violent. Ils menèrent des actions pour la fin de la discrimination en matière de logement et de travail et la suppression du charcutage électoral qui faisait que des députés protestants se retrouvaient élus dans des zones majoritairement catholiques.

 manifestation de la NICRA dans les années 1960

   A la suite d'intimidation et d'interdictions de manifester, la NICRA se divisa et une branche plus radicale, People's Democracy défia les interdictions de manifester et en 1969, une manifestations dégènèra suite à la répression policière à Derry et plusieurs jours d'émeutes s'ensuivirent dans le quartier catholique du Bogside. C'est le début d'une période nommée de façon extrèmement euphémistique "les Troubles" (en anglais les ennuis ou les problèmes...). En 1971, le gouvernement britannique, qui avait repris le contrôle direct de l'île, instaura l'Internement qui consistait à arrêter de façon arbitraire des gens sans procès et de les emprisonner dans de mauvaises prisons... Cela n'a fait qu'agraver la violence.

 La "bataille du Bogside" (1969)

   Dans ce contexte, la NICRA a organisé à Derry une manifestation pacifique pour protester contre cette politique d'internement arbitraire et malgré une énième interdiction de protester, un défilé de 15000 personnes marchèrent en direction de la mairie (guildhall). S'apercevant que les accès étaient barricadés par l'armée, il a été décidé que la manifestation prenne une autre direction. Un groupe d'adolescents a désobéi à la consigne et est allé attaquer les barricades en y lançant des pierres et d'autres projectiles.

le défilé du 30  janvier 1972 avant la fusillade

   C'est là que la manifestation a dégénéré dans le tragique, les parachutistes sont intervenus dans le quartier du Bogside et ont tiré sans sommation sur des gens qui s'enfuyaient et même sur une personne qui agitait un mouchoir en guise de drapeau blanc et qui voulait secourir un blessé...

Un prêtre, le père Edward Daly agitant un mouchoir blanc pour pouvoir abriter un mourant

   Treize personnes pèrirent sur le coup et un quatorzième décéda quatre mois plus tard des suites de ses blessures. Nombre d'entre eux étaient très jeunes (9 avaient entre 17 et 22 ans). Cette tuerie a fait scandale dans le monde entier car la presse, majoritairement britannique et irlandaise, était sur place ce qui a déclenché un scandale mondial.

   Par la suite, une enquête a été diligentée par le juge Widgery. Bâclée et partiale, elle a mécontenté la minorité catholique d'Irlande du Nord car elle accusait les victimes de la tuerie d'avoir été armée et menaçante.

   Conséquence tragique de ce massacre et cette injustice, la violence n'a fait qu'augmenter, beaucoup de jeunes ont été recrutés par des groupes Républicains extrêmistes et de longues années de violence commençaient. Le mouvement pacifiste avait échoué.

   En 1998, après les Accords du Vendredi Saint qui mettaient fin aux violences, Tony Blair a ordonné l'ouverture d'une nouvelle enquête sur le Bloody Sunday. Longue et couteuse, elle a débouché le 15 juin 2010 sur le rapport Saville qui reconnait officiellement que les victimes étaient innocentes et désarmées et que la tuerie était "injustifiables". Au nom du Royaume Uni, David Cameron a présenté ses excuses à la Chambre des Communes.

38  ans d'attente pour les familles des victimes !!

   Bien sûr, Bloody Sunday a toujours été commémoré et le 40e anniversaire ne fera évidemment pas exception.

   Et ensuite ? Depuis 1998, un certain calme règne dans cette région mais il y a quelques jours, deux bombes ont explosé à Derry sans faire de victimes. Et la crise éonomique qui sévit en Europe et donc là-bas aussi pourrait de nouveaux cristalliser des vélléités nationalistes violentes.... Même si l'immense majorité des gens veulent la paix dans les deux parties de l'île. L'espoir repose sur tous ces gens, catholiques et protestants, qui veulent vivre ensemble...

Musique !

   "we shall overcome", chant gospel reprit par le Mouvement des Droits Civiques de Martin Luther King, chantée par les manifestants de Derry en ce 30 janvier 1972.

   Je ne vous ai pas mis la célèbrissime chanson de U2 car d'autres artistes ont chanté cet évènement comme le groupe irlandais The Wolfe Tones :

   Cette chanson porte le même titre que celle de U2 mais la mélodie et le texte sont complétement différents. 

    Sans oublier le film fait sur cet évènement "Bloody Sunday" sorti en 2002 est une excellente reconstution de cette tragédie. On se sent inclus avec les gens et le film a la très bonne idée de focaliser sur la personnalité de l'organisateur de la manifestation, Ivan Cooper, qui était... député Protestant !... et fiancé à une catholique, beau symbole...

 * Catholiques et Protestants sont les termes courament utilisés par les médias pour désigner les deux communautés mais certains estiment que ces appellations mettent trop en avant l'aspect religieux d'un conflit qui est avant tout colonial et social, les cristallisations religieuses étant une conséquence et non une cause de tout celà, et préfèrent parler de "Républicains" ou de "Nationalistes" d'une part et de "loyalistes" ou d' "unioniste". 

* Le nom de "Londonderry" est le nom donné par l'occupant pour humilier la population locale au XVIIe siècle et Derry est le nom d'origine de cette ville (en gaélique Doire Cholm Chille). J'imagine qu'il est bien mieux vu dans la république d'Irlande de dire "Derry". En Irlande du Nord, je suppose que cela dépend à qui on parle, républicain ou loyaliste, irlandais de souche ou non ! Personnellement, je dis spontanement "Derry".

   Il y a quelques jours alors qu'il faisait encore beau et doux, j'ai eu une curieuse pensée, celle d'être lassée d'avoir le même temps depuis au moins trois semaines, de ce curieux "printhiver" qui font cohabiter les primevères et les flaques d'eau gelées, les prés jaunis par le gel nocturne et les après-midi assise à l'extérieur.

   Il semblerait que les cieux m'aient écouté et que cela dépasse largement mes espérances....

Dès jeudi, ciel gris, fond de l'air humide, et vendredi pareil.

   Et hier matin, quelques flocons ont saupoudré la campagne un peu comme du sucre glace sur un gâteau.

   Et les cieux vont faire du zèle pour moi puisqu'on annonce des chutes de neiges importantes mardi puis, une vague de froid assez sévère ensuite. Le responsable ? l'anticyclone de Sibérie, brrrrrrrrrrr !

Je n'en demandais pas tant !!!

   Malgré tout, cette vague de froid restera relativement modérée, bon Météo France annonce jusque -16° dans quelques jours le matin dans les Alpes quand-même... Mais ceux qui sont assez âgés pour s'en souvenir vous parlerons de février 1956 où il avait fait jusqu'à -35° en Corrèze.  par exemple un ami de mes parents me racontait qu'à Martigues (13) où il vivait, le Canal de Caronte qui traverse la ville et relie l'Etang de Berre à la Méditerranée "ressemblait à la Moskova" Exagéré ? Regardez cette photo :

Ce qui est extraordinaire c'est que généralement, malgré le mistral qui peut être vif, les hivers sont doux à Martigues habituellement et le Canal de Caronte était un canal d'eau salé qui comme vous le savez surement a besoin de températures sibériennes pour geler... Je n'ai pas trouvé la température qu'il avait fait à Martigues mais non loin de là, sur la côte varoise, il avait fait -18°. Je n'ose imaginer la panique si un tel froid se produisait aujourd'hui !!

   La particularité de cette vague de froid fut sa soudaineté et sa durée (un mois). De plus, il suivait une première partie d'hiver où il avait fait si doux que les arbres (les oliviers surtout) étaient déja gorgés de sève. L'effet du froid tombant comme un couperet a fait littéralement exploser les arbres et on pouvait entendre de sinistre craquements.... Je reviendrai sur cette tragédie des oliviers dans un prochain article.

Lien intéressant et clairement expliqué ICI 

   "C'est vrai, Paris a été couvert d'affiches pour le site de rencontres Meetic, dont l'intitulé m'a profondément interpellé. Je peux citer un certain nombre de slogans de cette campagne publicitaire. Le premier dit - et il s'agit du détournement d'une citation de théâtre - "ayez l'amour sans le hasard !" Et puis, il y en a un autre : "on peut être amoureux sans tomber amoureux !" Donc pas de chute n'est-ce pas ? Et puis, il y a aussi : "vous pouvez parfaitement être amoureux sans souffrir !" Et tout ça grâce au site de rencontres Meetic... qui vous propose de surcroît - l'expression m'a paru tout à fait remarquable - un "coaching amoureux". Vous aurez donc un entraîneur qui va vous préparer à affronter l'épreuve. Je pense que cette propagande publicitaire relève d'une conception sécuritaire de l"'amour". C'est l'amour assurance tout risque : vous aurez l'amour, mais vous aurez si bien calculé votre affaire, vous aurez si bien sélectionné d'avance votre partenaire en pianotant sur internet, qu'au terme de cette immense combinaison vous pourrez vous dire : "avec celui-là, ça va marcher sans risques !" Et ça, c'est une propagande c'est intéressant que la publicité se fasse sur ce registre-là. Or, évidemment, je suis convaincu que l'amour, en tant qu'il est, pour quasiment tout le monde, la chose qui donne à la vie intensité et signification, je pense que l'amour ne peut pas être ce don fait à l'existence au régime de l'absence totale de risques. Ca me paraît un petit peu comme la propagande qu'avait faite à un moment donné l'armée américaine pour la guerre "zéro mort".

   C'est un peu le même monde, tout ça. La guerre "zéro mort", l'amour "zéro risque", pas de hasard, pas de rencontre, je vois là, avec les moyens d'une propagande générale, une première menace sur l'amour, que j'appellerai la menace sécuritaire. Après tout, ce n'est pas loin d'être un mariage arrangé. Il ne l'est pas au nom de l'ordre familial par des parents despotiques, mais au nom du sécuritaire personnel, par un arrangement préalable qui évite tout hasard, toute rencontre, et finalement toute poésie existentielle, au nom de la catégorie fondamentale de l'absence de risques. Et puis, la deuxième menace qui pèse sur l'amour, c'est de lui dénier toute importance. La contrepartie de cette menace sécuritaire consiste à dire que l'amour n'est qu'une variante de l'hédonisme généralisé, une variante des figures de la jouissance. Il s'agit ainsi d'éviter toute épreuve immédiate, toute expérience authentique et profonde de l'altérité dont l'amour est tissé (...) Nous avons là les deux ennemis de l'amour, au fond : la sécurité du contrat-assurance et le confort des jouissances illimitées."

   Je crois en effet que libéral et libertaire convergent vers l'idée que l'amour est un risque inutile. Et qu'on peut avoir d'un côté une espèce de conjugalité préparée qui se poursuivra dans la douceur de la consommation et de l'autre des arrangements sexuels plaisants et remplis de jouissance, en fait l'économie de la passion. De ce point de vue, je pense réellement que l'amour, dans le monde tel qu'il est, est pris dans cette étreinte, dans cet encerclement, et qu'il est, à ce titre, menacé. Et je crois que c'est une tâche philosophique parmi tant d'autres, de la défendre. Ce qui suppose, probablement, comme le disait Rimbaud, qu'il faut le réinventer aussi. Ca ne peut pas être une défensive par la simple conservation des choses. Le monde est en effet rempli de nouveautés et l'amour doit être aussi pris dans cette novation. Il faut réinventer le risque de l'aventure contre la sécurité et le confort."

Alain Badiou (Eloge de l'amour)

Extrait que j'ai trouvé dans le site d'actualité en ligne rue89 il y a déjà deux ans, dans un commentaire d'un internaute que je remercie ici. C'était une discussion sur le film Bright Star de Jane Campion qui relate l'histoire d'amour impossible entre le poète anglais John Keats et une jeune fille, Fanny Brawne il y a deux siècles de celà.

Je ne sais pas si le film est réussi du point technique, jeux des acteurs, etc... car je ne l'ai toujours pas vu mais j'ai été sidérée par le mépris de commentaires du "boboland" branché au sujet du film et sa sentimentalité assumée et l'absence de scènes de sexe (forcément, vu que cet amour était restée platonique), un cynisme et un mépris qui m'avait sidéré ! Ne laissons pas un petit milieu s'emparer de ce qui relève de notre intimité et ne passons pas, pour être modernes, d'un carcan religieux à un carcan libéral-libertaire, tout carcan est néfaste selon moi.

C'était mon  billet d'humeur du samedi ! En attendant la Saint-Valentin (pfff...)

Faire preuve de sa droiture

Au coeur de la rectitude

Un bon soldat du Pôle Emploi

Face aux gardiens de ses lois

Faire comme si l'air du temps

Me satisfaisait pleinement

Alors que la cabane de pierre

Abrite mon humeur casanière 

Prendre de bonnes manières

Dans cette société guerrière

Pour récolter en guise de pourboire

Une fin de non-recevoir

Effort de la femme des bois

D'être conforme aux lois

Pas considérée par les cerbères

Gardien de ce système délétère

Alors je vais voir les loups

Derrière la haie de houx

Me blottir dans leur fourrure

Pour cacher ma déconfiture

Les chênes me tendent les bras

Les druides en sont les doux rois

Tout au fond de la forêt des loups

Je cacherai mon courroux.

 Esclarmonde, le 25/01/2012